Lieu de transit pour les migrants subsahariens qui tentent de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, la Libye est un partenaire de choix pour l’Europe qui mène depuis de nombreuses années une stratégie d’externalisation de ses frontières. En contrepartie du contrôle effectué par cet État particulièrement instable sur les frontières extérieures de l’Union, les vingt-sept lui octroient des aides généreuses, sans pour autant cesser de dénoncer les violations de droits humains qu’y subissent les migrants. 

publié le 15/02/2022 Par Camille Musikian
Migrants : L'UE finance les gardes-côtes libyens malgré leurs exactions

La Libye est chaque année le lieu de départ de plusieurs dizaines de milliers de migrants, qui tentent la traversée de la Méditerranée dans l’espoir de rejoindre le sol européen afin d’y déposer une demande d’asile.

Plus concrètement, il s’agit pour les migrants embarqués sur des bateaux de fortune, dont le ticket d’entrée leur est vendu à prix d’or par des passeurs, d’envoyer un appel de détresse une fois arrivés dans la zone de recherche et de sauvetage (SAR) maltaise ou italienne. Là, ils espèrent être secourus par des patrouilleurs et ramenés sur la rive européenne. Mais depuis la création d’une zone SAR libyenne, officiellement reconnue en 2018, les embarcations sont très fréquemment interceptées par les garde-côtes libyens.

Eaux troubles libyennes

En effet, on estime que 32 000 d’entre eux ont été interceptés par les garde-côtes libyens et ramenés en Libye en 2021. Ces interceptions se déroulent dans des conditions troubles : une enquête vidéo du Monde, réalisée en octobre 2021, fait état de violences perpétrées en toute impunité par les garde-côtes libyens lors de ces opérations de « sauvetage ».

Ces migrants sont ensuite envoyés pour partie dans les centres de détention officiels gérés par la Direction de la lutte contre la migration illégale (DCIM) rattachée au ministère de l’Intérieur libyen. Ils y sont détenus dans des conditions inhumaines, ce dont alertent régulièrement les associations humanitaires, telles que MSF, qui hésitent cependant à élever la voix, de peur de se voir refuser l’accès à ces lieux de détention par les autorités libyennes.

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