
Il y a d’abord eu le cavalier seul militaire, Berlin se proposant de devenir la première armée conventionnelle d’Europe, tout en annonçant, sans consulter la France, la création d’un dispositif commun de protection antiaérienne. Il y a eu ensuite l’annonce d’un plan de 200 milliards d’euros injectés dans l’économie pour soutenir les entreprises et les ménages allemands dans le contexte de la crise en cours, au risque d’induire des distorsions de concurrence et d’aggraver la divergence économique entre l’Allemagne et les autres pays de l’UE. Il y eut, enfin, la visite solitaire du Chancelier Scholz à Pékin, perçue de ce côté-ci du Rhin comme une manifestation d’égoïsme national problématique au plan économique et critiquable d’un point de vue géopolitique, compte tenu du soutien de la République Populaire de Chine à la Russie.
Cette succession d’initiatives de grande ampleur, décidées par l’Allemagne, seule, avec pour unique déterminant son intérêt national, a irrité à ce point le président français qu’il a décidé de manifester son mécontentement. Les nombreuses entailles faites dans le contrat de mariage censé unir pour toujours l’indispensable « couple franco-allemand » ne pouvaient pas rester sans réponse. En rupture très nette avec les usages en vigueur, il a été décidé cette fois-ci que la colère de Paris se manifesterait de manière publique, plutôt que dans les alcôves des lieux de pouvoirs.
Ainsi, le conseil des ministres franco-allemand a-t-il été annulé à l’initiative de la France ; ainsi le Chancelier Scholz n’a-t-il pas eu droit à une conférence de presse commune à l’issue de sa visite à Paris, le 26 octobre dernier. Ces décisions inédites, d’une réelle portée symbolique, augurent-elles d’une prise de conscience authentique du côté français ? Il serait temps en effet que nos élites cessent d’adhérer au mythe du « couple franco-allemand ». Depuis plusieurs décennies, ce mythe a eu pour principale fonction de justifier moralement le renoncement de Paris à la défense de ses intérêts, l’entente avec l’Allemagne légitimant la conversion générale des esprits à « l’Europe ».
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