« Ne dites pas que nous ne vous avons pas prévenu ! ». Publiée par le China Daily, cette phrase précédait de peu l’entrée en guerre de la Chine contre l’Inde en 1962, puis contre le Vietnam en 1979. Réitérée par le journal Global Times quelques heures avant l’arrivée à Taïwan de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, cette mise en garde solennelle laisse perplexe. Sommes-nous en marche vers un conflit sino-américain ?

publié le 27/09/2022 Par Jack Thompson
Nancy Pelosi à Taïwan : vers un conflit entre la Chine et les États-Unis ?

« Nous leur apporterons [aux Coréens] notre aide enthousiaste dans leur lutte pour l’indépendance. La même chose s’applique à Formose ». Au regard de Pékin, l’auteur de ces paroles séditieuses mériterait une sérieuse « rééducation ». Et pourtant, il s’agit là des mots de Mao Tsé-toung lui-même. Un temps, le fondateur de la République Populaire de Chine (RPC) considéra Taïwan comme une « nation secondaire » mais à part entière.

Recueilli le 16 juillet 1936 par le journaliste américain Edgar Snow, le point de vue du Grand timonier jure avec la vision prônée par la Chine de Xi Jinping. Si l’on en croit Pékin, Taïwan relève de son autorité depuis l’an 230 de notre ère.

Taïwan, une terre chinoise millénaire... enfin presque

Dans une note détaillant « 11 faits », émise au lendemain de la visite de Nancy Pelosi à la « province rebelle » les 2 et 3 août dernier, le ministère des Affaires étrangères chinois a minutieusement listé ses arguments autour d’une réalité intangible : Taïwan appartient à la Chine, et toute allégation contraire n’est que « propagande anti-chinoise ».

Au passage, la vision de Mao Tsé-toung est clarifiée. Interviewé le 15 mai 1937 par la journaliste américaine Helen Foster Snow, Mao annonçait « une victoire qui non seulement récupérerait les territoires chinois occupés dans le nord-est de la Chine et au sud de la passe de Shanhai, mais assurerait également la libération de Taïwan ». En toute logique, le chef révolutionnaire évoquait là une libération de l’île de l’envahisseur japonais. Y voir autre chose n’est pas interdit, mais cela ne cadre pas avec le contexte historique d’alors où le Parti communiste chinois (PCC) luttait âprement pour sa survie.

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