Le chaos politique qui a suivi la dissolution de l’Assemblée nationale française a brutalement obscurci l’actualité européenne et l’a rendue à sa traditionnelle indifférence. Pourtant, à l’heure d’un éventuel gouvernement pour conduire les destinées de la France, ignorer ce qui se joue à Bruxelles est une erreur politique et stratégique. Politiquement, notre avenir économique est intimement lié aux orientations européennes. Il suffit de penser à nos engagements budgétaires, aux effets du libre-échange ou encore des effets de la concurrence libre et non faussée sur la santé de notre économie. Stratégiquement, car dans l’éventualité d’un gouvernement dirigé par l’alliance du Nouveau Front populaire, il conviendra peut-être d’engager un bras de fer avec la Commission pour obtenir les souplesses budgétaires nécessaires pour financer les besoins environnementaux et sociaux à même de rendre notre économie plus résistante et moins inégalitaire.

publié le 30/08/2024 Par Frédéric Farah

C’est donc la scène européenne qu’il faut scruter, et ce même au cœur de l’été. Sur cette estrade politique, deux événements majeurs peuvent retenir l’attention, celui de la composition du Parlement européen et de la formation de la future Commission qui voit Madame Von der Leyen à sa tête pour la seconde fois.

Depuis le départ de Jacques Delors en 1994 à la tête de la Commission européenne, aucun de ses successeurs n’a eu le même poids politique et la plupart d’entre eux n’ont pas été des leaders européens capables d’infléchir le destin de l’Union. C’est donc Jacques Delors qui a porté les deux derniers projets européens significatifs : le Marché unique et la monnaie unique. Gardons à l’esprit que la Commission représente la dimension fédérale de la construction, puisqu’elle a vocation à défendre l’intérêt commun de l’Union et en cela, elle peut entrer en tension avec le Conseil qui représente la dimension plus nationale. Autrement dit, faut-il laisser l’Union européenne prendre le chemin du fédéralisme ou au contraire rester entre les mains des États ?

Le choix répété de dirigeants peu significatifs à la tête de la Commission montre le désir des États de rester maître du jeu communautaire. Le choix des commissaires est aussi un moment fort des relations entre le Parlement, la Commission et les États, car certaines directions de la Commission ont un poids plus significatif que d’autres, comme celle de la concurrence ou encore des affaires économiques. Last but not least, c’est la Commission qui est à l’initiative législative européenne.

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