Philippines : le fils du dictateur Marcos en lice pour reprendre le pouvoir

À Davao dont il fut le maire entre 1988 et 2016, Rodrigo Duterte s’est forgé un nom, et surtout une marque de fabrique sanguinolente. Tout au long de son règne, les Davao Death Squads (DDS) - des escadrons de la mort - pourchassèrent sans relâche tout individu catalogué comme un criminel. Selon ses dires, l’une des villes les plus mal famées serait ainsi devenue l’une des plus sûres. Mais les faits le contredisent : le nombre de viols et de meurtres y est plus élevé qu’ailleurs dans l’archipel. Qu’importe la réalité, « Duterte Harry » s’est métamorphosé en légende urbaine, un dur qui n’aurait pas hésité à défenestrer d’un hélicoptère en plein vol un trafiquant de drogue.

Un homme fort bienveillant

Alors que la venue du pape François à Manille en 2015 suscitait des embouteillages monstres, Duterte s’emporta. « Le pape, fils de pute, rentre chez toi ! » éructait-il après avoir poireauté cinq heures avant de rejoindre l’aéroport. Son machisme revendiqué, ses sorties fracassantes et ses engagements à sauver les Philippines du péril de la drogue défrayèrent les chroniques présidentielles de 2016. « Je vous promets du sang, la baie de Manille sera couverte de cadavres et les poissons seront bien gras », assénait le candidat devant un public ravi.

Élu le 9 mai 2016, Rodrigo Duterte se lança aussitôt dans sa "sainte croisade", invitant même les Philippins à le rejoindre dans son combat : « Appelez-nous ou appelez la police, sinon faites-le vous-même si vous avez une arme, vous avez mon soutien. »