Du Point à Valeurs Actuelles en passant par Le Figaro, la presse de droite dite « conservatrice » n'a de cesse de pointer des « fléaux » – wokisme, assistanat, grande démission, narcissisme, etc. – sans saisir qu'elle a sous les yeux le monde même que produit le capitalisme dérégulé qu'elle ne cesse de promouvoir. Ainsi, elle se plaint sans cesse de conséquences dont elle chérit les causes.
En 2022, la presse de droite s'est inquiété d'une forte hausse des démissions, de la volatilité des travailleurs et de difficultés à recruter. En Une de l'édition du 13 janvier 2022, Le Point interrogeait : « Après le Covid, qui voudra encore travailler ? Le spectre de la Grande Démission ». Dans l'édition du 30 juin, l'hebdo néolibéral de l'oligarque François Pinault récidive : « Pénurie de main-d'œuvre, civilisation de la pantoufle… Où est passé le goût de l'effort ? ».
Une lubie chassant l'autre dans la p(a)resse, la « décivilisation » apparaît en 2023, Emmanuel Macron ayant lancé ce nouvel os à ronger aux journalistes et télé-pipelettes à la Matthieu Bock-Côté. Et la pompe à bave est relancée, les jacasseurs pestant à qui mieux mieux, avant de revenir au wokisme, à la baisse du niveau scolaire, à l'assistanat – ad libitum.
Autant de hochets abstraits pour les « conservateurs » autoproclamés, qui se répandent en rodomontades sans saisir que leur défense du capitalisme empêche toute conservation. Un célèbre passage du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels argumentait que le capitalisme était révolutionnaire, non conservateur :
« La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment […] l'ensemble des rapports sociaux […]. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes.
Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortège de conceptions et d'idées antiques et vénérables, se dissolvent […]. Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané […]. »
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