L'accès à la présidence de personnalités comme Donald Trump (États-Unis), Javier Milei (Argentine) et Nayib Bukele (Salvador) témoigne d'une ère dans laquelle les réseaux prétendument sociaux ont permis de s'émanciper des cadres qui organisaient la vie institutionnelle dite démocratique. Nés en réponse au ravage (néo)libéral, ils en sont cependant le symptôme et l'assurance-vie.
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Derrière ces trois dirigeants, on trouve trois parcours bien différents. Donald Trump, roué businessman doublé d'une vedette de télévision, s'il a adhéré tour à tour aux partis Démocrate et Républicain – allant jusqu'à faire partie des soutiens financiers d'Hillary Clinton pour la primaire de son parti en 2008 –, est resté extérieur à la politique stricto sensu. Son surgissement, lors de la campagne de 2015, sans rompre le bipartisme étasunien, a contraint le parti Républicain à le suivre et a bouleversé les règles qui organisaient jusqu'alors la vie politique – en particulier celle d'une légitimité d'appareil au sein du parti et des institutions.
À l'inverse, le président du Salvador, Nayib Bukele, issu d'une famille liée au Front Farabundo Martí de libération nationale, issu de la guérilla (1), en a longtemps constitué une figure prometteuse. Fort d'une popularité due à son jeune âge (2), à son charisme et à son bilan à la mairie de la capitale, San Salvador, il tente de se lancer pour la présidentielle de 2019, mais bute sur le refus des caciques du parti. Il décide alors de faire sans et parvient à se faire désigner candidat par un parti centriste.
Professionnel de la communication, il maîtrise les codes des réseaux dits sociaux comme personne d'autre au Salvador et, tweetant à tout-va, devient le Salvadorien le plus suivi, touchant une jeunesse « connectée » sensible à son positionnement. Car il peut alors incarner une « vraie » alternative aux deux partis qui alternent au pouvoir depuis 1989, perçus comme corrompus par la population et qui, surtout, n'ont jamais mis fin à la violence des gangs qui meurtrit le pays depuis les années 1990. Surtout, il peut incarner le pouvoir, étant devenu président, tout en restant « anti-système » car, faute de majorité à l'Assemblée législative, il dénonce l'adversité qui l'empêche.
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