L’Union européenne et la tentation du fédéralisme autoritaire

« L’Union européenne est à la croisée des chemins ». Ce propos a été maintes fois entendu par de nombreux commentateurs. Pour donner de la consistance à cette affirmation, il convient de se demander tout simplement : à la croisée de quels chemins ? Le destin de l’Union a été d’hésiter entre trois voies particulières, celle du fédéralisme, du retour à la nation, ou encore de la dissolution dans le marché. Cette hésitation en croise d’autres tant la construction européenne détonne par sa singularité.

publié le 21/02/2024 Par Frédéric Farah

L'ensemble institutionnel formé par l'UE ne répond à aucune des formes politiques existantes dans l’Histoire. Elle n’est ni une tribu, ni un empire, ni une nation, ni une Cité. Jacques Delors la définissait comme un « objet politique non identifié ». C’est souvent une indistinction qui caractérise ce projet, complexe dans son architecture institutionnelle, pétri d’influences diverses et dont les buts ont été multiples (paix, prospérité, lutte contre le communisme).

Les derniers développements de l’Union européenne attestent à notre sens d’un fédéralisme rampant et autoritaire. Le propos pourrait surprendre tant l’Union, à la veille de futurs élargissements, semble apparaître informe politiquement et incapable de proposer une voie ou des intérêts communs. Il semble régner le grand désordre plus qu’une harmonieuse construction.

Plus encore, rien ne dessine à l’horizon, une structure politique qui organise une solidarité économique et sociale entre les États membres et qui, de la sorte, s’apparenterait à un fédéralisme redistributif et protecteur. Même l’enthousiasme lié au plan de relance européen de plus de 700 milliards, en réponse à la crise de la Covid-19, semble être retombé. D’aucuns avaient parlé du moment hamiltonien – en référence à l’un des pères fondateurs de la Constitution américaine – pour annoncer un nouvel élan fédéral conduisant à faire naître une solidarité européenne tant espérée.

Alors faut-il conclure que l’hypothèse fédérale est une hypothèse peu crédible, voire farfelue ? Comme souvent dans la construction européenne, les mots s’habillent de sens différents et portent une grammaire difficilement audible par tous. On peut penser au « social » ou encore à la notion de « services publics » compris si différemment d’un pays à l’autre. Il en va de même pour le fédéralisme qui peut supporter plusieurs acceptions.

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