Pour Albert Camus, le journaliste se doit d'être un témoin lucide et critique, retenu par des « règles de consciences ». Il se place du côté des humiliés et des sans voix dont il défend la dignité, excluant le « réalisme politique » qui ouvre la voie au mensonge et sépare les hommes. Par ses questions, les injustices qu’il révèle et ses réflexions, il place les hommes et la société devant leurs responsabilités.
À l’instar de beaucoup d’auteurs, Albert Camus est souvent découpé en tranches en fonction de ses différents registres d’écriture : le journalisme, le théâtre et le roman. Ses articles, pourtant, reflètent et préparent sa littérature. Il en écrivit pendant vingt ans, avec des interruptions plus ou moins longues, dans des revues et journaux trop nombreux pour être tous mentionnés ici et sur les sujets les plus divers.
Albert Camus lui-même refusa de scinder son travail de journaliste de sa littérature en faisant paraître en trois tomes, sous le titre Actuelles, nombre de ses chroniques. Il fut d’ailleurs loué pour ses articles par de grands auteurs de son temps, tels François Mauriac et René Char, pourtant peu convaincus par les romans de son ami.
L’auteur de l’Homme révolté aimait passionnément la presse. Il y trouvait une communauté humaine qui faisait défaut à l’écrivain, auprès des autres membres de la rédaction, des jeunes journalistes à former et surtout des travailleurs « du marbre » (les typographes, les linotypistes et autres correcteurs). S’il exprima des regrets par rapport à ses propres articles ou critiqua le genre de l’éditorial, il affirma également en août 1951, dans un entretien à la revue Caliban, que le journalisme était « l’une des plus belles professions », car « elle vous force à vous juger vous-même ». À son ami Jean Grenier, il confiait aussi éprouver à travers ce métier « une impression de liberté ». « Tout ce que je fais me semble vivant », jugeait-il.
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