Les antidépresseurs les plus couramment utilisés sont-ils beaucoup moins efficaces qu’on le croit ? Un lanceur d’alerte étasunien, Ed Pigott, s’attache, depuis deux décennies, à révéler les multiples fraudes de l’étude « de référence » sur ces molécules : Star*D. Jusque-là, les autorités sanitaires n’ont pas réagi, alors que ces traitements sont prescrits à plus d’un Français sur dix. Elles ont, en revanche, signalé que certaines de ces molécules se trouvent actuellement en pénurie – sans prévenir clairement les patients des effets de sevrage parfois délétères qu’un arrêt peut engendrer.

« Quand mon généraliste m’a prescrit un antidépresseur, voici huit ans, il ne m’a pas prévenue que je risquais d’avoir du mal à l’arrêter », confie Sylvie, une infirmière de 42 ans. « Le médicament, de la venlafaxine, m’a un peu “déconnectée”. Au bout d’un an et demi, quand j’ai décidé d’arrêter, mon médecin m’a conseillé de ne prendre le comprimé qu’un jour sur deux ». Sylvie suit ce conseil contestable et développe rapidement vertiges, migraines et crises de panique accompagnées de suées. « Je ne me reconnaissais plus, me sentais bien plus déprimée et plus mal qu’avant de commencer le traitement », relève-t-elle. Son médecin interprète son état comme un retour en force de la dépression. Sylvie commence à suspecter que le médicament y joue un rôle essentiel, ce qu’il juge impossible.
« Les symptômes varient en intensité, mais n’ont jamais régressé complètement. Je dois apprendre à vivre dans cet état dégradé, instable. C’est difficile à accepter ». Depuis, Sylvie s’est renseignée, a échangé sur les réseaux sociaux avec d’autres victimes et n’a plus de doute : elle souffre d’un sevrage, comme une proportion significative – 25 à 50 % selon une étude de 2019 – des personnes qui arrêtent ce type d’antidépresseurs, les IRS (1) :
« Si j’avais eu la moindre idée des conséquences, je n’aurais pas pris ce traitement. Quand j’ai vu que la venlafaxine faisait l’objet de tensions d’approvisionnement, ces derniers mois, j’ai pensé à tous ceux qui risquaient de plonger involontairement dans de tels sevrages. S’ils font face au même déni médical, leur détresse n’en sera que plus grande. »
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