Après des mois et des mois d'obsession socio-médiatico-politique, Sanofi a tranché : c’est le fonds américain CD&R qui va prendre le contrôle de sa filiale de santé grand public Opella, qui produit notamment le fameux antalgique adoré des Français. Une opération à plus de 15 milliards d’euros que l’État français ne va pas bloquer, au risque de se montrer totalement contradictoire avec ses beaux discours de souveraineté sanitaire. Il dit avoir obtenu de CD&R et de Sanofi « le plus haut niveau de garanties possible », et compte s’assurer de leur respect, en faisant entrer la Bpifrance à hauteur de… 1 à 2 % du capital. Foutaise : le scénario d’un démantèlement à la Alstom ou Alcatel est loin d’être écarté, dans un contexte où l’avenir d'Opella se joue aux États-Unis, en Asie et en Amérique latine et où le Doliprane est très loin d’être la priorité. Quant à Sanofi, la stratégie 100 % médicaments innovants emmenée par son patron Paul Hudson s'avère ultra risquée.
C’est désormais (quasi) plié. Le Doliprane ne va pas rester 100 % français. Après plusieurs mois de nervosité sociale et d'obsession médiatico-politique autour de la vente de la filiale Opella de Sanofi, la décision est tombée. Le conseil d'administration de Sanofi a tranché en faveur de l'ouverture de discussions exclusives avec le fonds américain CD&R, en vue de lui céder une participation de contrôle de 50 % dans Opella, cette filiale qui produit 115 médicaments sans ordonnance, parmi lesquels le fameux antalgique adoré des Français. Montant de l’offre : 15,5 milliards d’euros, soit 14 fois son résultat opérationnel. Si l’opération se confirme (a priori au 2e trimestre 2025), ce sera, de loin, la plus grosse transaction LBO de l’année au niveau mondial.
Un deal en or pour les 22 banques sur le coup, dont Goldman Sachs, Morgan Stanley, BNP Paribas, Barclays, Citi, Société Générale et HSBC, qui toucheront les plus grosses commissions. Mais aussi pour Sanofi, puisque pour en être, ces banques lui ont offert des conditions financières très favorables, lui permettant d’abandonner la piste initialement privilégiée de l’introduction en Bourse d’Opella, qui l’aurait pourtant rendue dépendante des fluctuations de son cours.
L’État ne bloquera pas la vente
Malgré l’ire des syndicats et la bronca politique autour de cette prise de contrôle étrangère dans un secteur revêtant des enjeux de souveraineté sanitaire pourtant si chers – du moins en apparence – à Emmanuel Macron depuis la crise Covid, l’État ne devrait pas bloquer l’opération. L’exécutif a calmé les ardeurs en déclenchant, par principe, la procédure dite « IEF » de contrôle par Bercy des investissements étrangers en France. Née en 2014 sous l’impulsion d’Arnaud Montebourg, elle permet de recaler un projet d’acquisition par des étrangers dans les secteurs jugés sensibles, tels que la défense, la santé, l'énergie, l'eau, les transports, le spatial, l'alimentaire ou la cybersécurité, si celui-ci contrevient à la sécurité nationale.
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