Le burn-out, dont le symptôme premier est l’épuisement, est galvaudé. Paul-Antoine Martin, qui en souffre depuis un harcèlement moral subi lorsqu’il était cadre dirigeant, le décrit à travers le prisme de son expérience dans Le temps des pervers (Max Milo). Il le distingue du surmenage, souligne combien il est lié à l’enjeu du sens qui rend le stress supportable, et estime que la société néolibérale maltraite ses employés en répandant de façon exponentielle le terme le burn-out. Entretien.

Laurent Ottavi (Élucid) : Quel est le terme médical pour « burn-out » ? À quoi cela correspond-il et est-ce que le burn-out est plus ancien qu’on ne le pense ?
Paul-Antoine Martin : Le mot « burn-out » est un terme imagé pour décrire ce que ressent une victime dans ce genre de situation, c’est-à-dire l’impression d’avoir été intérieurement calciné. Dans mon livre, je donne l’image de la foudre qui entrerait dans une maison par une fenêtre, brûle tout à l’intérieur et ressort par la fenêtre, sans endommager la structure et les murs de la maison. La victime de burn-out peut donc donner l’impression d’être en bon état, alors qu’elle est intérieurement détruite. Les psychiatres parlent de « dépression d’épuisement professionnel ».
Le burn-out est considéré comme une dépression (et est donc soigné avec des antidépresseurs) par une majorité de psychiatres. Causalement, il est relié quasi exclusivement à la sphère professionnelle. En résumé, le travail et son environnement sont à l’origine du burn-out. Enfin, son symptôme premier est l’épuisement. En effet, il a littéralement « grillé » le mécanisme interne qui régénère l’énergie vitale de la victime. Dès lors, celle-ci n’a plus d’énergie pour quoi que ce soit, qu’il s’agisse d’un acte physique, d’une attention psychique ou même d’une émotion. Tout l’épuise.
Le burn-out a pu exister dans les siècles passés. Il a été identifié et nommé comme tel pour la première fois aux États-Unis dans les années 1970. Ce qui en fait une maladie de notre siècle est son incroyable occurrence aujourd’hui, laquelle ne fait que s’accroître année après année.
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