Plus que les autres grandes métropoles, Paris concentre toutes les richesses et étouffe la diversité de la Province. Dans Quand le parisianisme écrase la France (l’Aube), le journaliste Francis Brochet, qui travaille au bureau parisien du groupe de presse régional Ebra, fait état, chiffres à l’appui, des multiples inégalités entre la capitale et les « territoires », que lui préfère appeler Province. Il en appelle à une émancipation de cette dernière, sans quoi un populisme provincial risque d’émerger, et le séparatisme social des élites ne pourra que s’aggraver. Entretien.

publié le 20/07/2025 Par Laurent Ottavi
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Laurent Ottavi (Élucid) : Vous soulignez la spécificité française de la concentration des pouvoirs et des richesses par la capitale. Quelle est-elle et en quoi cela vous conduit-il à prendre de la distance avec les travaux, que vous jugez salutaires par ailleurs, du géographe Christophe Guilluy ?

Francis Brochet : C’est une spécificité française en Europe et dans le monde que de concentrer les pouvoirs économiques, politiques, culturels et médiatiques dans une seule ville. On ne retrouve pas cela chez nos voisins, en Italie, en Espagne ou en Allemagne. Nous sommes aussi les champions du monde de la concentration des sièges sociaux des entreprises dans une seule ville.

C’est à mon sens la limite principale des travaux de Christophe Guilluy – qui ont eu le grand intérêt de mettre le thème des inégalités territoriales dans le débat politique – de ne pas souligner ce point. Mon approche consiste plus à insister sur la distinction entre Paris et le reste du pays qu’entre les métropoles, d’un côté, et la France périphérique de l’autre, même si cette grille d’analyse délivre beaucoup de vérités.

Élucid : En quoi cette exception parisienne se trouve-t-elle à la racine de « l’exception française » régulièrement vantée ?

Francis Brochet : La France s’est toujours pensé et revendiqué comme un pays différent, sinon supérieur, aux autres. Au XIXe siècle, la France était convaincue de concentrer les intelligences, les arts, de représenter le meilleur de la civilisation et qu’il lui revenait de l’expliquer au rester du monde, en tout cas du monde connu, à l’Europe et à ses « colonies ».

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