« Le transhumanisme fait du progrès un dieu tout-puissant » Dominique Folscheid

Le transhumanisme prospère au détriment de l’humanisme et de la médecine. Le philosophe Dominique Folscheid, récemment coauteur de Le transhumanisme, c’est quoi ? (2018, Cerf) et auteur de Made in Labo. De la procréation artificielle au transhumanisme (Cerf, 2019), retrace les origines religieuses et philosophiques de cette idéologie, interroge ses objectifs, ses succès et ses échecs.

publié le 28/07/2022 Par Laurent Ottavi
« Le transhumanisme fait du progrès un dieu tout-puissant » Dominique Folscheid

Laurent Ottavi (Élucid) : Dans Le transhumanisme, c’est quoi ?, vous parlez d’idéologie et de croyance. Au-delà des différentes nuances qui le composent, comment définiriez-vous le transhumanisme ?

Dominique Folscheid : Quel est le point commun qui rassemble les chapelles de la mouvance transhumaniste, ce qui en fait globalement une Église ? Il se réduit à un objectif, qui consiste à transformer la condition humaine par les moyens du progrès technoscientifique. La condition humaine elle-même, en tant qu'elle est fragile, vulnérable et mortelle, et non la situation des humains confrontés à la maladie, au vieillissement et à la mort. C'est ce qui fait toute la différence entre la médecine - qui intervient dans les limites de la condition humaine, sans rien y changer - et le transhumanisme qui veut en éliminer les tares à la racine.

Dans ses versions les plus extrémistes, il n'est plus question pour lui de soigner et guérir les maladies, de retarder les effets du vieillissement et de nous maintenir dans la meilleure santé possible jusqu'au terme naturel de notre vie, qui est la mort. Ce qu'il espère, c'est une nouvelle condition humaine qui ne connaîtrait ni la maladie, ni la vieillesse ni la mort. Donc une nouvelle humanité, qu'il nomme « posthumanité » - une humanité d'après l'humanité. Le « trans-humanisme », comme son nom l'indique, est donc chargé d'assurer la transition entre l'ancienne humanité et la nouvelle. En novlangue d'Internet, on passera d'une humanité « H 1.0 » à une « H 2.0 », puis « H 3.0 », en attendant le grand saut.

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