« L’opposition périphérie / métropole est très réductrice » - Hervé le Bras

Trop de généralisations empêchent de comprendre les divisions françaises. Le démographe Hervé Le Bras, chercheur à l’INED et professeur à l’EHESS, auteur de très nombreux ouvrages dont trois sont parus cette année (Le Grand enfumage, populisme et immigration dans sept pays européens, Éditions de l’Aube ; Il n’y a pas de grand remplacement, Grasset [Prix Seligmann de la chancellerie des universités] ; Tableau historique de la France. La formation des courants politiques de 1789 à nos jours, Seuil) conteste dans cet entretien certaines analyses des fractures sociales relayées par des hommes politiques ou par les grands médias. 

publié le 08/01/2023 Par Laurent Ottavi
« L’opposition périphérie / métropole est très réductrice » - Hervé le Bras

Laurent Ottavi (Élucid) : Les divisions françaises ont fait l’objet de multiples analyses : la France périphérique versus la France des grandes métropoles ; l’Archipel français ; le bloc populaire contre le bloc élitaire, etc. Vous paraissent-elles proches de la réalité ?

Hervé Le Bras : Les caractéristiques des populations varient continument dans l’espace social et physique, à part peut-être quelques fractures très locales entre blocs d’immeubles. Pour décrire et expliquer la complexité de l’espace français, on peut employer les termes de pôles, de concentrations, de transitions, ainsi que des couronnes urbaines successives ou du péri-urbain autour de telle ou telle ville. Certains auteurs ou politiques essentialisent la diversité sociale et politique du territoire en la réduisant à des termes tels que métropole ou périphérie.

Il existe de grandes différences entre les métropoles si l’on s’en tient à leur liste administrative, et de plus grandes encore à l’intérieur de la « périphérie » qui est seulement définie comme le négatif des métropoles, opposition factice, mais commode qui sert surtout à émettre des jugements de valeur. Croire en l’existence de tels termes généraux, c’est pencher du côté des universaux contre les nominalistes, pour rappeler une célèbre querelle scolastique du Moyen Âge.

« La réalité doit donc être approchée par des séries et des cartes, non par les moyennes qui caractérisent les regroupements. »

Élucid : Les divisions françaises contemporaines s’expliquent-elles en partie en raison du vieillissement de la population et de la hausse du nombre de diplômés ?

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