Pour l'ancien président de Transparency International, il faut réduire les activités à risque élevé et dégonfler la partie artificielle et fictive de la finance internationale. Dans cet entretien exclusif réalisé par Olivier Berruyer en 2013, Daniel Lebègue analyse trois facteurs majeurs à l'origine de la crise financière : une crise de la gouvernance des entreprises financières, une crise du modèle économique des grandes banques internationales, et surtout une crise du système de régulation.
Daniel Lebègue, né en 1943, a été Directeur du Trésor (1984-1987) et Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (1998-2002). Il a également occupé les fonctions d’Administrateur, Directeur général puis Vice-Président de la BNP (1987-1998). Il est surtout connu pour avoir présidé la branche française de l’ONG Transparency International entre 2003 et 2017.
Olivier Berruyer : Monsieur Lebègue, quel regard portez-vous sur la crise actuelle ?
Daniel Lebègue : Tout d'abord, je me dois de rappeler que l'essentiel de ma vie active se fait dans des associations ou des think tanks, autour de trois grandes thématiques : la bonne gouvernance (au sein de l'Institut français des administrateurs), l’éthique (avec l'ONG Transparency International) et la responsabilité sociétale des entreprises, des banques et du système financier. Dans cette perspective, lorsque j’étais Directeur général de la Caisse des Dépôts, j’ai participé en 2000 à la création de l’Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (ORSE).
J’ai toujours essayé, avec d'autres, de faire converger ces trois dynamiques, et de cette manière, de créer un nouveau modèle d’organisation de nos entreprises et de nos institutions financières. Si les résultats restent pour l’instant très timides et un peu décevants par rapport aux attentes ou aux objectifs que nous nous étions donnés avant que la crise financière n’éclate en 2008, je continue de garder espoir.
Il faut reprendre, à cet égard, le communiqué du G20, au sommet de Londres d’avril 2008, dans lequel les dirigeants des vingt principales puissances économiques du monde affirmaient leurs objectifs de remise en ordre et de refondation de la finance internationale.La feuille de route qui a alors été élaborée est satisfaisante. Sa mise en œuvre, toutefois, est problématique et reste, à ce jour, en deçà des objectifs. Nous sommes face à un phénomène que les Anglo-saxons qualifient d’enforcement gap, c’est-à-dire que les réalisations ne couvrent que 10-20 % des objectifs que l’on affiche.
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