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Le niveau du chômage français reste plus élevé au troisième trimestre 2021 qu’avant la pandémie de Covid-19, d’autant plus lorsque l’on considère le chômage au sens large. Si l'envolée du chômage lors de la pandémie a rapidement baissé, le chômage au sens large lui ne retombe pas.
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En France, il existe plusieurs manières de définir un « chômeur » et donc de mesurer le chômage. Pôle emploi distingue ainsi cinq catégories de chômeurs. La catégorie la plus utilisée dans le débat public est la catégorie A, qui désigne une personne sans emploi, à la recherche de n’importe quel type de contrat, et tenue de rechercher activement un emploi.
Cependant, c’est la définition du BIT (Bureau International du Travail) qui est utilisée par l’INSEE pour calculer le taux de chômage, pour les comparaisons internationales, et que la plupart des médias et des hommes politiques utilisent. Le BIT définit un chômeur comme une personne sans emploi, n’ayant pas travaillé dans une semaine de référence, disponible sous quinze jours pour prendre un emploi, et en recherche active d’emploi dans le mois précédent.
Selon Pôle emploi, en septembre 2021, le nombre de chômeurs au sens large (catégories A à E) a ainsi légèrement diminué par rapport au mois précédent en France. Le nombre de chômeurs en « catégorie A » a chuté de 1,5 %, soit 55 000 chômeurs en moins, quand celui de l’ensemble des catégories de chômeurs a baissé de 2,2 %, soit 149 000 chômeurs en moins. Le nombre d’intérimaires a quant à lui très légèrement augmenté.
Si l’on considère l’ensemble des catégories définies par Pôle Emploi depuis trente ans, le nombre de chômeurs en France a augmenté significativement :
- Le chômage a d’abord augmenté dans les années 1990, notamment sous l’effet de la récession ayant frappé l’Europe à cette période. En effet, tandis que les États-Unis connaissaient un dynamisme économique significatif entre 1992 et 2000, le continent européen connu une période de croissance molle.
- En avril 1999, le chômage global touchait ainsi 4,6 millions de personnes en France, soit 17,5 % de la population active. Les chômeurs de catégorie A représentaient alors 12,5 % de la population active (3,3 millions de personnes), tandis que le BIT recensait 10,3 % de chômeurs.
- Le chômage français entama alors une baisse — heurtée par l’explosion de la bulle internet qui fit augmenter le chômage entre 2001 et 2004 — jusqu’en avril 2008. Il y avait alors 3,7 millions de chômeurs au sens large en France (13 % de la population active) dont 2,2 millions de chômeurs de catégorie A (7,6 % de la population active), le même chiffre que celui du BIT.
- Puis la crise des subprimes éclata et propulsa le chômage vers des niveaux historiquement hauts. En décembre 2015, le nombre de chômeurs de catégorie A atteignit ainsi 3,8 millions, soit 13 % de la population, quand le BIT recensait 10,5 % de chômeurs. Le nombre de chômeurs au sens large continua de progresser, jusqu'à toucher 6,6 millions de personnes en juillet 2017, soit 22,5 % de la population active.
- À partir de janvier 2016, le chômage de catégorie A décrut, pour atteindre 3 484 000 chômeurs en février 2020 soit 11,8 % de la population active, son plus bas niveau depuis février 2013. Le chômage au sens du BIT atteignit même 7 %, son plus bas niveau depuis 30 ans, en avril 2020.
- En mars 2020, la crise du Covid-19 provoque une hausse brutale du chômage : le chômage de « catégorie A » bondit à 15,5 % de la population active en avril 2020 (14 % sur une courbe lissée), et à 9,3 % en août 2020 selon le BIT. Le chômage au sens large bondit également pour atteindre 23 % en mai 2020.
- En 2021, alors que le chômage de catégorie A est retombé rapidement, pour s’établir à 12 % en septembre 2021 (3,5 millions de personnes), le chômage au sens large ne baisse plus et se situe sur un plateau à 23 %. Le chômage au sens du BIT reste lui aussi sur un plateau, mais à 8,2 %.
Ce niveau de chômage — qu’il soit mesuré par Pôle emploi ou le BIT — est donc encore supérieur à celui enregistré à la veille de la crise de 2008, ce qui illustre bien l’ampleur de cette crise, dont les conséquences sont encore largement visibles. Le graphique ci-dessous rend d’ailleurs bien compte de la longue période d’augmentation du chômage (en catégorie A) consécutive à la crise de 2008.
On remarque également un phénomène identifiable depuis 2009 : le taux de chômage au sens du BIT diverge de plus en plus du nombre d’inscrits en catégorie A à Pôle emploi. Ceci s’explique du fait qu'un nombre croissant d'inscrits en catégorie A ne correspond pas à la définition du chômage au sens du BIT. Ainsi, en 2017, 44 % des inscrits en catégorie A à Pôle emploi n’étaient pas chômeurs au sens du BIT, selon l’INSEE.
En effet, le BIT ne considère pas comme chômeurs les personnes situées dans le « halo du chômage », alors que ces derniers peuvent être inscrits en catégorie A chez Pôle Emploi. Il peut par exemple s’agir de personnes en formation. Par ailleurs, le BIT ne considère pas comme chômeurs des personnes « inactives hors halo », qui peuvent être inscrites en catégorie A chez Pôle emploi. C’est le cas de certains seniors proches de la retraite, qui ne mènent plus de recherche active d’emploi.
Il n’est donc pas surprenant que nos dirigeants politiques préfèrent communiquer le taux de chômage du BIT, bien moins élevé, puisqu'il ne comptabilise pas une grande partie des chômeurs situés dans le halo du chômage ou considérés comme « inactifs ».
Depuis 20 ans, un nombre d’offres d’emploi qui n'augmente pas
En regardant le nombre d’offres d’emplois collectées par Pôle Emploi chaque mois, on remarque une certaine stabilité entre 2000 et 2020. Ce chiffre oscille ainsi autour de 250 000 offres mensuelles, avec un pic à 315 000 en novembre 2007 et un minimum de 215 000 en janvier 2015.
La crise du Covid-19 a fait chuter le nombre d’offres d’emploi à un minimum historique de 74 900 en avril 2020, lors du premier confinement. Le nombre d’offres d’emploi a ensuite rapidement augmenté : en septembre 2021, il s’établissait à 305 000, son niveau le plus élevé depuis juin 2008.
On remarque, en changeant la périodicité du graphique, que le deuxième confinement national, débuté le 30 octobre 2020, a été bien moins violent que le confinement de mars sur le plan de l’emploi. Le nombre d’offres d’emplois collectées a ainsi chuté de « seulement » 28 000 en novembre 2020, contre une chute de 210 000 lors du premier confinement de mars 2020.
Par ailleurs, il est intéressant de comptabiliser également les offres d’emploi collectées par les organismes partenaires de Pôle emploi.
Depuis 2015, ces chiffres sont disponibles, et montrent que les partenaires de Pôle emploi collectent entre 300 000 et 450 000 offres d’emploi chaque mois depuis 2016, soit davantage que Pôle emploi. En mars 2021, l’écart s’est creusé : les partenaires de Pôle emploi ont ainsi collecté 560 000 offres d’emploi, contre 230 000 pour Pôle emploi.
L’émergence des ruptures conventionnelles, la hausse des radiations
Les entrées mensuelles à Pôle emploi sont passées de 300 000 en janvier 1996 à 370 000 en septembre 2021.
Les graphiques ci-dessous montrent que les motifs d’entrées mensuelles n’ont pas varié dans de grandes proportions ces 25 dernières années. Ainsi, la part des démissions, des recherches de premier emploi et des fins de contrat d’intérim est restée relativement stable parmi les motifs d’entrée à Pôle emploi.
On peut néanmoins identifier quelques phénomènes marquants (sans tenir compte de la hausse brusque du motif « Retour d’activité » en 2016, dû à une refonte des motifs d’entrée à Pôle emploi) :
- Le dispositif de rupture conventionnelle — mis en place en août 2008 — a pris une place croissante parmi les motifs d’entrée à Pôle emploi. Depuis 2018, le nombre de personnes entrant à Pôle emploi à la suite d’une rupture conventionnelle s’est stabilisé autour de 35 000 chaque mois, soit 9 % du total des entrées.
- Cette procédure a mécaniquement engendré la baisse des entrées à Pôle emploi pour cause de licenciement à partir de 2008. Ainsi, en prenant en compte tous les types de licenciements, ceux-ci représentaient 70 000 entrées mensuelles à Pôle emploi fin 2008, contre 43 000 en septembre 2021.
- La crise du Covid-19 a provoqué une hausse des entrées à Pôle emploi en raison de la fin d’un contrat — principalement des CDD non renouvelés — avec un pic à 132 000 entrées pour ce motif en avril 2020.
- L’intérim a aussi été une variable d’ajustement pour les entreprises durant la crise du Covid-19, puisqu’un afflux de personnes en fin de contrat d’intérim a eu lieu en avril 2020, au plus fort de la crise sanitaire (52 000 entrées), avant de redescendre rapidement et de s’établir à 26 000 en septembre 2021, en dessous du niveau prépandémie.
Tout comme le nombre d’entrées mensuelles, le nombre de sorties mensuelles de Pôle emploi a également progressé depuis 1996, passant de 340 000 à 525 000 en septembre 2021. La crise sanitaire de 2020 ne semble pas avoir eu de conséquences majeures sur la structure des motifs de sortie de Pôle emploi.
Quelques tendances se dégagent tout de même de l’analyse graphique :
- Une augmentation de la part des défauts d’actualisation dans le nombre de sorties : elles représentaient 90 000 personnes en 1996, soit 27 % des sorties, contre 210 000 en septembre 2021, soit 40 % des sorties.
- Une légère hausse des sorties pour stages ou formation, qui représentaient 34 000 sorties (10 % des sorties) en 1996, contre 70 000 en septembre 2021, soit 13 % des sorties.
- Une hausse puis une stabilisation des radiations administratives. Entre 2006 et 2019, les radiations administratives de Pôle emploi se sont stabilisées légèrement en dessous de 50 000 par mois. On peut d’ailleurs observer qu’après la crise du Covid-19, le rythme mensuel de radiations a ralenti, et se situe à 39 000 en septembre 2021.
Si après une brusque hausse lors de la crise du Covid-19, le chômage de catégorie A est retombé de manière significative en France, ce n’est cependant pas le cas du chômage au sens large, qui reste sur un plateau de 23 % de la population active depuis mai 2020.
La crise de 2008 continue également d’avoir des conséquences en 2021, puisque le niveau d’emploi qui prévalait auparavant n’a toujours pas été retrouvé. En cela, la crise des subprimes a été plus dévastatrice sur le plan de l’emploi que la crise sanitaire de 2020.
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