Think tanks : des lobbys subventionnés au profit des grandes entreprises

Un nouveau rapport de l’Observatoire des multinationales alerte sur l’influence des think tanks français les plus fortunés. Ces derniers constituent, en tant que courroies de transmission des grandes entreprises vers le monde politique, des acteurs clés du néolibéralisme.

publié le 28/06/2023 Par Laurent Ottavi

Une preuve de plus. Le rapport de l’Observatoire des Multinationales, paru le 9 mai, confirme le double avènement d’une expertocratie et d’une ploutocratie dans le cadre du remplacement du gouvernement par la gouvernance, cette association d’acteurs non étatiques aux prises de décisions publiques censée engendrer des mesures d’intérêt général.

Le document, signé par Lora Rheecke, porte sur l’influence des dix laboratoires d’idées français (ou « think tanks ») aux plus gros budgets annuels, soit un spectre compris entre plus de 1,3 million d’euros (Fondapol) et plus de 7,5 millions (Institut Montaigne) (1).

Des vecteurs subventionnés du néolibéralisme

Les laboratoires d’idées français sont les héritiers d’une histoire d’abord américaine. Les think tanks, qui peuvent être définis comme des producteurs et des diffuseurs d’analyses, ont émergé aux États-Unis dans l’après-Seconde Guerre mondiale et se sont avéré, dans la plupart des cas, des vecteurs des idées néolibérales vers le monde politique, par-delà l’obstacle de l’université. La fameuse Société du Mont Pèlerin fournissait par exemple des expertises prêtes à l’usage à travers l’Héritage Foundation ou l’Institution of Economic Affairs.

Les think tanks faisaient alors la promotion d'un néolibéralisme qui contribuait en retour à leur succès de plus en plus étendu au-delà des États-Unis. Leur attractivité s'est développé au fur et à mesure des révisions des missions de l’État, des baisses des crédits à la recherche et de la réduction du personnel, autant de mesures qui ont fait disparaître toute expertise de qualité au sein des cabinets ministériels et dans la haute fonction publique. Dans le cas de la France, s'ajoutait un manque de ressources des partis politiques pour diriger des études de qualité.

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous