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Le sacrifice de notre modèle social sur l'autel de l'UE néolibérale

« Les dépenses publiques explosent ! » nous rabâchent sans cesse les néolibéraux et leurs médias, comme si c’était un drame, eux qui pourtant ont la hantise de la moindre baisse des dépenses privées. Or, il est bon de rappeler que ces « dépenses publiques » servent essentiellement à financer un modèle social qui nous a procuré un niveau et une espérance de vie inédits dans l’Histoire. Fragilisé par le vieillissement de la population, ce modèle est désormais en danger, tant en raison de l'érosion de idéal de solidarité, que de la désinformation massive sur son fonctionnement et ses avantages. Ce dénigrement à tout va ouvre désormais la voie pour que la Commission européenne et ses relais politiques locaux planifient sa destruction, quitte à renvoyer une grande partie des retraités dans la pauvreté. Pour les décideurs, c'est un sacrifice essentiel afin de concrétiser ce qui compte le plus à leurs yeux : préserver la fortune des plus riches de l'impôt. Explications.

Graphe Économie
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publié le 15/11/2023 Par Olivier Berruyer
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Idée fausse n°1
- Le vieillissement de la population
- La Commission européenne
- Un système très protecteur

Idée fausse n°2

- Les dépenses sont restées stables
- L’État à la diète…

Ce qu'il faut retenir


École, hôpital, sécurité, défense, services administratifs : les services publics français sont en déliquescence et tout le monde peut en observer au quotidien les dramatiques effets. Effets qui ne produiront d’ailleurs toutes leurs conséquences que dans quelques années en termes de productivité, de bien-être, de lien social, d’espérance de vie en bonne santé.

Idée fausse n°1 : « Les services publics nous coûtent un pognon de dingue et sont pourtant très mal gérés »

Cependant, il ne faut pas tomber dans le piège de la propagande néolibérale qui vise à en conclure que cette dégradation ne serait liée qu’à une « mauvaise gestion », une « gabegie », où l’on paierait sans cesse plus pour avoir moins, notamment à cause de fonctionnaires indolents. On se demande même pourquoi tant de jeunes se détournent d’emplois publics censés être aussi « agréables », à tel point qu’il devient impossible de remplacer les départs en retraite de tant d’enseignants ou d’infirmières...

Source : Europe 1

Pourtant, il est vrai que les « dépenses publiques » ne cessent d’augmenter année après année, et ce depuis plus d’un siècle.

Ces dépenses publiques ont ainsi accompagné le développement du pays durant les Trente Glorieuses. Elles ont même été une des causes de ce fort développement, en libérant les actifs de charge de la retraite des ainés, en éduquant longtemps une grande partie des actifs, et en augmentant l’espérance de vie et donc la durée de consommation, etc.

Si la hausse de 10 % à 58 % du PIB semble gigantesque, c’est en fait un phénomène relativement naturel qui accompagne le développement des pays. Nous y reviendrons dans un futur article, mais la moyenne des dépenses publiques dans la zone euro est de 51 %, ce qui montre bien qu’il n’y a pas d’anomalie gigantesque française (les quelques points d’écart s’expliquent très bien), les ordres de grandeur sont les mêmes.

Les dépenses publiques regroupent des choses très différentes, en provenance de 3 grands secteurs :

  • l’État (enseignement, police, justice, défense…),
  • les collectivités locales (région, département, commune…) et les administrations de Sécurité sociale (retraite, santé…).

Il convient donc d’analyser la contribution de chaque secteur à l’évolution des dépenses.

Le vieillissement de la population, principale cause de la hausse des dépenses publiques

Ces dernières années, il saute aux yeux que la forte augmentation des dépenses publiques a été causée par l’augmentation des dépenses de protection sociale.

On constate la relative bonne gestion par les partenaires sociaux. En effet, les déficits de la Sécurité sociale ont toujours été relativement limités. Le fameux « trou de la Sécu » a toujours été très faible rapporté à l’énormité de la dépense. Il a été causé par la volonté politique de ne pas équilibrer pleinement le régime en augmentant les cotisations, comme cela est toujours le cas dans tout système assurantiel. C’est ce que font les mutuelles tous les ans, sans aucun psychodrame.

Environ 80 % des dépenses de protection sociale (qui sont majoritairement supportées par la Sécurité sociale, mais également par les administrations centrales et locales, ce qui explique que leur total soit légèrement supérieur à celui du graphique précédent) sont constituées des dépenses de retraite et de santé.

La forte augmentation des dépenses a connu deux causes successives. La première a donc été le développement économique et donc social du pays jusque dans les années 1990. La France a fait le choix de sortir les retraités de la misère : leur taux de pauvreté est passé de près de 45 % en 1970 à moins de 8 % actuellement.

La fin de la misère pour les retraités, c’est aussi ça la hausse des dépenses publiques. Et comme la France a l'un des plus hauts taux de dépenses publiques, elle a en retour un des plus bas taux de retraités pauvres.

La deuxième cause de forte hausse des dépenses publiques, depuis la fin des années 1990, est le vieillissement de la population, qui se fait de plus en plus sentir. Le ratio entre les actifs et les retraités est passé de 3 à près de 1,5 en un demi-siècle.

Ce phénomène est lié à l’augmentation de l’espérance de vie, qui a été permis par la création de notre système de santé efficace après-guerre. S’est rajouté par-dessus l’effet démographique du baby-boom des Trente Glorieuses. Dès lors, ce vieillissement va encore se poursuivre durant des décennies ; par exemple, la population de plus de 80 ans va ainsi encore augmenter de moitié dans les 15 ans à venir.

La Commission européenne a déjà planifié la destruction de notre modèle social

Logiquement, pour conserver le même niveau de retraite, il faudrait cotiser deux fois plus. Mais les réformes des retraites se sont enchainées pour éviter une telle hausse des impôts. Les dépenses de retraite stagnent, voire diminuent depuis 2014. Comme le nombre de retraités continue d’augmenter, cela signifie que le revenu moyen perçu par les retraités est, proportionnellement, un peu plus bas qu’il y a 10 ans.

Mais ce n’est rien quant à ce qui se trame à Bruxelles. La Commission européenne publie régulièrement ses « prévisions » concernant les dépenses de retraite dans un « Ageing Report ». Ces prévisions se transforment ensuite logiquement en objectifs, et donc en « recommandations » du Conseil (quasiment obligatoires). Les dernières « projections » publiées en 2021 (le néolibéralisme résiste même aux pandémies) prévoient ainsi que ces dépenses de retraite passeront de 15,6 % à 12,6 % entre 2030 et 2070 : près de 20 % de baisse de la dépense publique totale de retraite en 40 ans !

Projection de l’évolution entre 2019 et 2070 du montant des dépenses publiques de retraite exprimé en pourcentage du PIB publié par la Commission européenne.

Durant le même temps, selon l’Insee dans son scénario à fécondité basse (retenu en raison de la forte baisse actuelle des naissances), les plus de 65 ans vont passer de 24 % à 30,7 % de la population française, soit près de 30 % de retraités en plus. Cela signifie donc que, dans ce scénario, la Commission européenne anticipe une baisse d’environ 35 % de la retraite publique perçue en moyenne par chaque Français.

Une telle situation n’a rien de « naturel », ce n’est pas une « prévision », mais bien l’anticipation d’une politique néolibérale féroce de destruction de notre modèle social et d’un retour de la grande pauvreté chez les retraités – une politique dont l'objectif est d'arrêter l'augmentation des « dépenses publiques » et d'éviter tout risque de pression fiscale sur les plus riches. L’Insee s’est d’ailleurs clairement félicité de cette politique en 2015 :

« Grâce aux réformes adoptées depuis plus de vingt ans, la part des dépenses de retraites dans le produit intérieur brut (PIB) devrait baisser de manière marquée entre 2013 et 2060 (-2,6 points). La France se trouverait ainsi dans une position relativement favorable par rapport à ses partenaires européens pour faire face au vieillissement de sa population. »

En effet, baisser les retraites individuelles d’un bon tiers est un moyen « favorable » de « faire face au vieillissement », mais il est dommage de ne pas avoir indiqué qu’il y en avait d’autres, bien moins douloureux pour la majorité de la population...

On comprend ainsi mieux la propagande de plus en plus forte sur « la hausse des dépenses publiques » : comme le vieillissement de la population va continuer à pousser à la hausse des dépenses de protection sociale, leur stabilisation ou leur baisse ne pourra être réalisée qu’au prix d’une baisse des revenus des séniors et d’un reste à charge plus élevé des remboursements de santé. Cela induira une forte baisse de pouvoir d’achat, avec de lourds effets économiques et sociaux.

Pour les néolibéraux, il s'agit donc convaincre la puissante catégorie électorale des séniors (qui représente près de 40 % des votants) de voter contre ses intérêts et ceux de ses enfants, dans le seul et unique but de ne pas avoir à augmenter les impôts des plus aisés pour financer le maintien de notre modèle de protection sociale...

Un système très protecteur, mais qu’on apprécie trop tardivement

Comme on l’a vu, la grande majorité des dépenses sociales sont donc constituées des dépenses de retraite et de santé, qui sont pour la plupart de nature « assurantielle » : on cotise d’abord quand on est actif pour maintenir un système dont on bénéficiera soi-même plus tard. Il y a bien un effet de « solidarité » avec un transfert au bénéfice des plus pauvres, mais il est faible par rapport à la proportion des impôts qui reviennent au contribuable sous forme de revenu différé ou de services.

La représentation des contributions au financement et des dépenses individuelles en fonction de l’âge fait apparaître deux profils très différents. Sans grande surprise, on cotise donc essentiellement en tant qu’actif, jusqu’à 1 600 € par mois en moyenne, essentiellement sous forme de cotisations sociales et de CSG. Ce n’est plus que 400 € par mois en tant que retraité.

Le profil des dépenses est inversé. Si on ne consomme qu’environ 400 € par mois jusqu’à la retraite, celles-ci atteignent 2 500 € par mois à la retraite, et près de 3 000 € en moyenne en fin de vie (et bien plus en cas de maladie longue).

Au final, en tenant compte des effectifs vivants à chaque âge, on peut représenter ce phénomène « d’épargne dans le temps » au niveau national. Dans la jeunesse, on est évidemment en faible déficit, car on utilise les services publics presque sans cotiser. Dans l’âge actif, on cotise énormément, ce qui représente une forme d’épargne publique forcée. Et quand arrive la retraite, on va de facto piocher dans cette épargne pour disposer d’une retraite et se faire soigner. Cet aspect forcé hérisse les néolibéraux. Cependant, sans ce système, on aurait certes plus d’argent en tant qu’actif, mais il est fort probable que, au vu des vicissitudes de la vie, une partie soit immédiatement consommée, diminuant d’autant le niveau de retraite possible.

Cette épargne forcée différée au moyen de l’impôt est la force de notre système social, mais c’est aussi sa faiblesse, car on cotise en tant qu’actif, en ayant l’impression de se faire « voler » son argent pour les autres. Et lorsque l'on bénéficie comme prévu de ce système, on est alors une personne âgée et malade (10 % des dépenses de santé d’une vie sont utilisés la dernière année de vie, soit environ 25 000 € en moyenne), et on ne peut donc plus aller sur des plateaux de télévision pour en expliquer tout l’intérêt.

La courte vue de notre fonctionnement psychique, qui nous évite de trop penser à la vieillesse difficile et à la mort, explique que dans ce système où on prend aux actifs pour donner aux retraités, on entend souvent des actifs se plaindre de payer trop d’impôts, mais jamais des retraités se plaindre de toucher trop de retraite, bien au contraire…

La vision de « se faire voler » son argent au bénéfice d’autres personnes, savamment entretenue par la propagande néolibérale, est largement erronée. Il s'agit bien plus en réalité d'un transfert temporel réalisé de soi-même, en tant qu’actif, à soi-même, en tant que retraité. Si les dépenses publiques augmentent, cela signifie un peu plus d’impôts aujourd’hui, mais aussi un peu plus de revenus plus tard. Et ce système étant géré en répartition, il ne peut pas faire faillite s’il est bien géré, contrairement à l’autre propagande visant à faire croire aux jeunes « qu’ils n’auront pas de retraite », pour les faire cotiser à des systèmes privés gérés en capitalisation, qui eux, peuvent parfaitement faire faillite en cas de forte inflation...

C’est ce système qui a permis d’accompagner sans trop de drames l’incroyable augmentation de notre espérance de vie, qui a crû de 15 ans depuis 1950, faisant cependant nettement augmenter les dépenses publiques ces dernières décennies. Mais les impôts supplémentaires sont allés financer les retraites et la santé, et non pas les autres services publics de l’État, comme on va le voir, ce qui explique leur délabrement actuel. Ce n’est pas lié à un problème de gestion, mais à un simple manque d’argent.

Idée fausse n°2 : « Les finances de l’État sont hors de contrôle : on paie de plus en plus d’impôts, mais le déficit ne baisse pas »

Les dépenses publiques sont constituées des dépenses de Sécurité sociale et des dépenses des administrations (centrales, c’est-à-dire l’État, et locales). Nous venons d’analyser en détail les premières et avons constaté qu’elles avaient fortement augmenté dans le temps.La propagande néolibérale laisse entendre que les finances de l’État sont hors de contrôle, que l'on paie de plus en plus d'impôts et que le déficit ne baisse pas.

Source : IFRAP

Or, pour freiner l’augmentation totale des dépenses publiques, les responsables politiques ont stabilisé les dépenses des deux autres types d’administrations, qui correspondent d’ailleurs à ce qu’on entend en général par le terme « administration ».

Cependant, les collectivités locales sont autonomes, et leurs dépenses ont fortement augmenté dans les années 1980 et 2000. Par chance, la loi de décentralisation de 1982 leur a imposé de voter un budget de fonctionnement en équilibre, ce qui a certainement évité de lourdes dérives financières.

On dit souvent qu’il y a eu une bascule entre l’État et ces collectivités. C’est vrai, mais seulement en partie : ce n’est pas ceci qui explique les fortes augmentations de fonctionnaires locaux observées.

Rappelons en effet que les fonctions publiques d’État et territoriales sont presque opposées en termes sociologiques. Si la fonction publique d’État comprend majoritairement des personnels de catégorie A (fonctions de conception et de direction, avec un recrutement à bac + 3) et seulement 20 % de personnel de catégorie C (fonctions d’exécution, de type ouvrier ou employé), les proportions sont inversées pour la fonction publique territoriale. Il est évident qu’on n’a pas basculé des postes d’enseignants ou de juges vers des postes d’égoutiers ou de mécaniciens.

Soulignons également que ces postes territoriaux ont souvent été soumis à une forme de « clientélisme », qui n’est d’ailleurs pas toujours scandaleuse quand elle répond à des attentes d’intérêt général de la population. Par exemple, dans les régions qui ont été durement frappées par le chômage causé par les désindustrialisations, les élus ont pu aider à limiter les dégâts sociaux en créant des emplois publics locaux pour embaucher les ouvriers non qualifiés dont les postes avaient quitté le pays.

Il y a en effet une assez nette corrélation entre le nombre d’emplois publics locaux et le taux de chômage. Pour ces créations d’emplois de fonctionnaires, la hausse des dépenses publiques n’est pas une « gabegie », mais un traitement social des effets de la désindustrialisation induite par la mondialisation.

Mais en retour, les gouvernants ont mis l’État à la diète…

Les dépenses d’administration sont restées stables, mais celles des collectivités locales ont fortement augmenté. Il en résulte, comme nous l’avons annoncé, que les dépenses de l’État et des autres administrations centrales ont donc diminué depuis un demi-siècle.

Nous ne rentrons pas ici dans le détail, mais il faut savoir que certains postes ont augmenté, comme les aides aux entreprises – cela a particulièrement été le cas avec Emmanuel Macron, comme nous l’avons démontré dans notre analyse sur le chômage. Cela signifie que de nombreux postes de dépenses de l’État ont fortement baissé. C’est cela qui explique une bonne partie de la dégradation des services publics, qui pose tellement de problèmes actuellement, et dont les effets à long terme vont être ravageurs. On pense par exemple à l’éducation, mais aussi à la santé avec la forte augmentation à venir de personnes très âgées, alors qu’on manque déjà de médecins et de places en EHPAD.

Plus important encore, il y a un « bonus » dans cette très mauvaise gestion des finances de l’État. Non seulement des dépenses essentielles ont été coupées, mais en plus, les recettes correspondantes ont été encore plus diminuées, ce qui a fait exploser le déficit public et donc la dette publique...

Cette politique est au cœur du néolibéralisme, qui a mis l’État au service des plus riches, via des dépenses sous forme d’aides aux entreprises, des baisses d’impôts des entreprises sous la pression de l’Union européenne (baisse du taux d’impôts sur les bénéfices et baisse des impôts de production), des baisses d’impôts des plus riches (suppression de l’ISF), mais aussi sous forme d’intérêts versées sur la dette publique, souscrite pour placer l’épargne inutile de ces personnes qui ont trop d’argent. Quand on est riche et qu’on vote Macron, à tous les coups on gagne !

Ainsi, bien loin de se « goinfrer », l’État a vu ses dépenses essentielles nettement diminuer, et ses recettes encore plus diminuer. Ce qui cause le déficit, ce n’est pas le comportement des fonctionnaires, c’est une gestion calamiteuse des gouvernements néolibéraux. Et dans ce flot de mauvaise gestion, celle de Macron est une des pires en Europe.

Et pas de « Mais qui aurait pu prédire ? ». Cette situation n’étonnera que les naïfs : comment un Président qui a réussi à se ruiner en 3 ans après avoir gagné 3 millions d’euros dans la banque aurait-il pu être un bon gestionnaire des deniers publics ?

Au final, on a bien au global des impôts qui augmentent, mais c’est pour financer la Sécurité sociale qui, elle, est bien gérée. Le déficit vient essentiellement de l’État, qui, par clientélisme des gouvernants, baisse les impôts malgré la baisse de ses dépenses et sa situation financière catastrophique.

Espérons que les conséquences de cette mauvaise gestion, appuyée par Bruxelles, ne viendront pas abimer notre modèle social qui offre des services inestimables.

Ce qu’il faut retenir

Depuis un demi-siècle, les dépenses publiques ont fortement augmenté, passant de 10 % à 58 % du PIB. C’est en fait un phénomène relativement naturel qui accompagne le développement des pays.

Cette hausse a majoritairement concerné les dépenses de Sécurité sociale. Ceci a été causé par deux phénomènes : tout d’abord, on a créé un large système de retraite et de santé, qui a sorti une grande partie des retraités de la misère. Mais par la suite, comme il a fortement augmenté notre espérance de vie, il a entrainé un fort vieillissement de la population auquel s’est ajouté l’effet du baby-boom des Trente Glorieuses.

Le vieillissement va se poursuivre encore longtemps, poussant logiquement les dépenses publiques à la hausse. Or, étant donné que les néolibéraux n’acceptent plus la moindre augmentation des prélèvements obligatoires, ils vont vouloir diminuer de force les prestations au niveau individuel pour stabiliser les dépenses. Pire, la Commission européenne indique qu’elle veut diminuer les dépenses nationales de retraite, au moment où le nombre de séniors va fortement augmenter. Si nous laissons Bruxelles appliquer son plan, les retraites individuelles pourraient baisser d’un tiers d'ici 30 ans.

Pour compenser les fortes hausses liées à la protection sociale, les gouvernements ont stabilisé les dépenses d’administration. Comme celles des collectivités locales ont explosé – en partie pour créer des emplois peu qualifiés dans des zones frappées par le chômage causé par la désindustrialisation et la mondialisation – cela signifie que les gouvernements n’ont eu de cesse de diminuer les dépenses de l’État, d’où la déliquescence des services publics. Cerise sur le gâteau, les néolibéraux, de gauche comme de droite, n’ont eu de cesse, par clientélisme, que de diminuer les recettes de l’État encore plus rapidement, ce qui a fait exploser le déficit public.

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