La fête est finie : après des années de taux d'intérêt au plancher qui ont permis à l'État de s'endetter à moindre coût, la remontée brutale des taux annonce une catastrophe budgétaire. La charge annuelle de la dette française, stable voire en baisse durant les années 2010 malgré l'envolée de l'endettement, bondit de nouveau : 58 milliards d'euros en 2024 et bientôt 69 milliards en 2025. Ce retournement de tendance met l'État dos au mur : le paiement des intérêts, devenu son 2ᵉ poste de dépense, étrangle peu à peu ses finances. Si les taux revenaient simplement à leur niveau d'avant 2008, la note annuelle pourrait atteindre des sommets insoutenables – de l'ordre de 150 milliards d'euros par an. À ce rythme, trouver l'argent pour payer les créanciers va exiger des sacrifices inédits – ou finir par mettre la France en faillite. On vous explique tout. 

publié le 02/10/2025 Par Olivier Berruyer
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Cette analyse graphique originale d'Olivier Berruyer pour Élucid est une mise à jour de notre suivi régulier et actualisé des grands indicateurs économiques.

Dans notre précédent article consacré à la dette publique de la France, nous avons montré qu’elle s’était dégradée de façon continue depuis la fin des années 1970. Une dette élevée entraîne deux grands types de problèmes. D’abord, elle alourdit progressivement le poids des intérêts à payer – c’est ce point que nous allons examiner ici. Ensuite, elle complique son financement, un aspect que nous analyserons dans un prochain article.

1- Le cumul des intérêts payés = le montant de la dette
2- Prendre aux pauvres pour donner aux riches
3- Charge d'intérêts : 50 % de baisse entre 2013 et 2021
4- Le scandale des obligations indexées sur l'inflation
5- Cachez ce problème que je ne saurais voir
6- La bombe à retardement de la hausse des taux
Ce qu'il faut retenir


Les intérêts de la dette, premier poste de dépense de l’État

Comme la dette publique n’a cessé de croître, le montant des intérêts versés chaque année aux prêteurs a lui aussi explosé depuis les années 1960-1970. En 2024, cette charge a atteint 58 milliards d’euros pour l’ensemble des administrations publiques.

Charge annuelle d'intérêts de la dette publique de la France, 1960-2024Charge annuelle d'intérêts de la dette publique de la France, 1960-2024

Rapportée à la richesse nationale, cela représente 2,1 % du PIB – un niveau qui place la France au 8ᵉ rang européen pour le poids des intérêts, avec une charge quasiment deux fois plus élevée que celle de l’Allemagne.

Charge d'intérêts de la dette publique en Europe en 2024

La plus grande partie de la dette publique est supportée par l’État lui-même. Et les intérêts qu’il verse absorbent désormais une part croissante de ses ressources. Avec 55 milliards d’euros par an (hors Sécurité sociale et collectivités locales), ils constituent aujourd’hui le deuxième poste de dépenses de l’État. C’est presque autant que l’ensemble du budget de l’enseignement en France.

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