« Les dirigeants ne pensent qu'à la Bourse et aux actionnaires » - J-Y Haberer

L'ancien Directeur du Trésor dénonce le poids de la finance dans la gestion des grandes entreprises, le manque cruel de considération pour les salariés, et l'obsession du court-terme instantané. Dans cet entretien exclusif réalisé en 2013 par Olivier Berruyer, Jean-Yves Haberer alerte sur le danger de la finance anglo-saxonne, le manque de courage des politiques et l'impunité de nos dirigeants.

publié le 03/07/2022 Par Olivier Berruyer
« Les dirigeants ne pensent qu'à la Bourse et aux actionnaires » - J-Y Haberer

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Jean-Yves Haberer (1932 -) est un haut fonctionnaire français spécialiste des questions financières. Entre 1966 et 1968, il est conseiller technique de Michel Debré, alors ministre de l’Économie et des Finances. Il fut également Directeur du Trésor (1978-1982), puis président de Paribas (1982-1986) et du Crédit lyonnais (1988-1993).

Olivier Berruyer : Que pensez-vous de l’évolution de la gouvernance des grandes entreprises, et de celle de la rémunération des dirigeants ?

Jean-Yves Haberer : Les grandes entreprises sont extrêmement différentes de celles que j’ai connues à mon époque. Aujourd'hui, on a perdu tout bon sens. Déjà en 1992, Michel Pébereau (alors PDG du Crédit commercial de France) gagnait en quelques semaines ce que je gagnais en un an à la tête de Paribas. Et l’état-major de la Société Générale, dans la semaine de la privatisation, a multiplié sa rémunération par cinq.

J’ai été frappé, comme témoin extérieur, par l’apparition dans les années 1990 d’une nouvelle finalité pour les entreprises financières : la création de valeur – valeur boursière bien entendu. On n’avait jamais entendu parler de cela avant et pourtant, la création de valeur est devenue la seule finalité du management. Certes, les dirigeants ont toujours été attentifs à la tenue de leurs titres en Bourse, mais pas dans l’esprit du fondamentalisme de l’économie de marché actuel.

Olivier Berruyer : Quel a été pour vous le point de bascule dans la définition d'un « grand patron » et dans la gestion d'une grande entreprise ?

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