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La masse monétaire au sein de la zone euro n’a fait que croître lors des quarante dernières années. Cette tendance est notamment due aux politiques monétaires pratiquées par la Banque Centrale européenne au début des années 2000, après la crise des subprimes et lors de la pandémie de Covid-19.
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Dans un pays ou un espace géographique comme l’Union européenne, la masse monétaire en circulation est un indicateur de l’activité économique. Lorsqu’elle est en croissance, l’activité est importante, mais le risque d’inflation est plus élevé. Lorsqu’elle baisse, l’activité économique se contracte, et la consommation comme les investissements risquent de baisser. C’est pourquoi les autorités de contrôle comme la BCE surveillent de près le niveau de la masse monétaire à l’aide de trois agrégats monétaires.
La politique des taux bas de la BCE
Depuis 40 ans, la masse monétaire en Europe a fortement augmenté. Cette tendance s’est prolongée après le passage à l’euro, car la Banque Centrale européenne (BCE) a mené une politique de taux directeurs bas, ce qui a contribué à augmenter les crédits bancaires, et donc la masse monétaire. Cette politique monétaire est notamment la conséquence de la crise des subprimes, après laquelle la BCE a baissé ses taux directeurs à 0 % pour faire repartir l’économie européenne. Ce cycle de relâchement monétaire n’est toujours pas refermé aujourd’hui.
Ainsi, la masse monétaire totale est passée de 1 100 milliards d’euros en 1980 à 4 800 milliards d’euros en 2000 — au moment de l’introduction de l’euro - soit une multiplication par 4,4. Depuis 2000, la masse monétaire a continué de croître pour atteindre 15 000 milliards d’euros en juillet 2021, soit une multiplication par trois.
Lorsque l’on regarde chaque agrégat séparément, il apparaît clairement que c’est la monnaie la plus liquide (M1) — principalement l’argent sur les comptes courants, mais aussi les pièces et billets — qui représente 70 % de la masse monétaire de la zone euro en 2021 (11 000 milliards). « L’épargne des ménages » (M2 — M1) représente quant à elle 25 % de la masse monétaire, et « l’épargne des entreprises » (M3 - M2) à peine 5 %.
Une augmentation de la monnaie supérieure à celle du PIB
Le taux annuel d’évolution de la masse monétaire permet de distinguer à quelles périodes la masse monétaire a le plus augmenté et quand elle a le plus diminué.
On distingue ainsi qu’entre 1981 et 1995, la croissance de la masse monétaire au sens large (M3) semblait s’atténuer, passant d’un taux de croissance sur un an de 10 % à un taux de croissance sur un an de 3 %. Cela est notamment dû à une période de désinflation compétitive en France et en Italie à cette période ;
Progressivement, la croissance de la masse monétaire a recommencé à s’accélérer, pour atteindre 12 % sur un an en 2007. La crise des subprimes a ensuite entraîné un fort ralentissement de la croissance monétaire, et a même débouché sur sa contraction : jusqu’à -2,1 % sur un an en 2010 ;
À partir de 2011, la masse monétaire a renoué avec la croissance, avec un taux de croissance sur un an qui a oscillé entre 4 % et 6 % de 2015 à 2019 ;
Puis en 2020, la pandémie de Covid-19 a contraint la BCE à mener une politique monétaire expansionniste. Le taux de croissance de la masse monétaire en zone euro a ainsi été de 9,6 % entre janvier 2020 et janvier 2021, sa plus forte variation sur un an depuis septembre 2008. Le taux de croissance de la masse monétaire sur un an est ensuite retombé à 9 % en juillet 2021.
Si l’on détaille par sous-agrégat, on distingue que :
- La monnaie liquide (M1) en circulation n’a jamais décru depuis 1981 ;
- La contraction de la masse monétaire globale en 2010 est due d’une part à la contraction de l’épargne des ménages (M2-M1) qui a régressé jusqu’à -6 % sur un an entre mars 2009 et mars 2010, alors qu’elle avait augmenté jusqu’à 20 % sur un an entre avril 2007 et avril 2008. D’autre part, elle est due à la contraction de l’épargne des entreprises (M3-M2) qui a varié négativement jusqu’à -21 % sur un an entre septembre 2009 et septembre 2010, en raison de la crise financière, alors qu’elle avait varié positivement de 17 % sur un an entre septembre 2006 et septembre 2007 ;
- De 2017 à 2019, c’est M1 qui a tiré la croissance de la monnaie vers le haut, tandis que les deux autres sous-agrégats stagnaient ou régressaient.
L’augmentation de la masse monétaire peut être interprétée selon deux conceptions qui s’affrontent. L’une « Keynésienne », qui considère que la baisse des taux — et donc l’augmentation de la masse monétaire — est salutaire et contribue à relancer l’économie. L’autre « monétariste » qui craint qu’une telle politique ne génère une inflation galopante et qui veut éviter que la masse monétaire ne progresse beaucoup plus vite que la croissance économique.
Avec la crise du Covid-19 — et la politique monétaire très accommodante de la BCE qui a suivi — l’inflation semble sur une pente haussière, sans pour l’instant peser de manière trop importante sur les prix à la consommation. Certains actifs comme l’immobilier ont cependant sensiblement augmenté, ce qui n’écarte pas la possibilité de formation de bulles financières.
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