Le greenwashing des transnationales ou la conscience verte à bon marché

Pour détourner l’attention de leurs nuisances écologiques, donner l’impression de les compenser, capter une demande plus soucieuse des conséquences de sa consommation ou maximiser leurs profits à partir d’aides publiques, les firmes transnationales pratiquent le « greenwashing » (littéralement : l’écoblanchiment). Elles entretiennent ainsi le mythe d’un capitalisme qui se verdirait par une simple « transition », très loin de la nécessaire remise en cause des structures sociales tenues aujourd’hui pour irréversibles.

publié le 06/05/2024 Par Laurent Ottavi

Les firmes transnationales figurent au premier rang dans l’entreprise de pressurisation du monde par le capitalisme globalisé. Elles construisent beaucoup et en grande taille, exploitent le vivant, orientent la production dans le sens de la surconsommation de biens jetables, épuisent les ressources, allongent les distances de transports en faisant produire à l’étranger et installent leurs usines dans des pays à moindres réglementations environnementales. Elles polluent, artificialisent les sols, déséquilibrent ou détruisent des écosystèmes, abîme la biodiversité, aggravent les pénuries locales d’eau ou perturbent son cycle et dégradent les poumons de la population mondiale que sont les forêts et les océans.

La quasi-impunité des firmes transnationales

La plupart de ces nuisances s’exercent toutefois loin des yeux du producteur et du consommateur des nations occidentales. La majeure partie des émissions de gaz à effet de serre, de la déforestation ou encore des pollutions liées à l’extraction des métaux par la France tient à ses importations. La concentration des déchets, a fortiori toxiques, et leur incinération ont aussi majoritairement lieu à l’étranger. Le consommateur occidental manque d’informations à propos de ce qu’il achète, dans la mesure où les critères de l’OMC et les accords de libre-échange dissimulent les conditions de production des objets importés.

Les populations les plus pauvres des pays dits du « Sud », de leurs côtés, subissent le plus ce dont elles sont le moins responsables. Les communautés anciennement ancrées dans des territoires se résolvent ainsi à partir sous l’effet des nuisances des firmes transnationales (combinées ou non à d’autres facteurs : la corruption, la pauvreté, la guerre…), quand elles ne sont pas directement chassées de leurs terres.

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