« Le capitalisme mondialisé est vecteur de graves pénuries » - Renaud Duterme

Les vulnérabilités se multiplient et commencent à toucher tous les secteurs. Dans Pénuries, quand tout vient à manquer (Payot), Renaud Duterme, enseignant en géographie déjà auteur du Petit manuel pour une géographie de combat (2020) et de Nos mythologies écologiques (2021), dresse l’état de la raréfaction des ressources nécessaires à nos sociétés productivistes, en tire les conséquences en ce qui concerne les énergies et nos modes de vie, tout en insistant sur le danger qu'une conjonction de toutes ces fragilités pourrait constituer.

publié le 11/02/2024 Par Laurent Ottavi

Laurent Ottavi (Élucid) : De récents événements comme la crise Covid, la guerre en Ukraine ou encore le blocage du canal de Suez par un porte-conteneur, ont à la fois créé et révélé les grandes fragilités de la mondialisation. Pouvez-vous en donner des exemples et en évaluer la portée ?

Renaud Duterme : Jusqu’ici, les vulnérabilités de notre temps n’ont pas encore donné lieu à des pénuries majeures, davantage à des craintes, et les perturbations ont été surmontées. Cependant, la prise de conscience demeure encore très limitée. L’impression d’un système résilient – ce qu’il est effectivement dans une certaine mesure – l’emporte, alors que les vulnérabilités se multiplient et qu'elles commencent à toucher tous les secteurs.

Le fait est que l'approche interdisciplinaire manque à beaucoup d’analyses, et a fortiori dans le débat public, où on invite par exemple un économiste pour parler d’économie et un climatologue pour évoquer le réchauffement climatique. Or, les fragilités de notre temps résultent de causes très variées, des tensions géopolitiques aux perturbations climatiques en passant par la raréfaction des ressources ou les mouvements sociaux, au point que, quel que soit le fil que l’on tire, cela perturbe tous les autres.

Plus encore que d’interdisciplinarité, nous manquons d’une approche globale et systémique. Les différentes vulnérabilités auxquelles nous faisons et ferons face sont encore plus préoccupantes une fois combinées. Elles s’alimentent les unes les autres. Le château de cartes est capable de tenir debout malgré quelques cartes en moins, mais il y a de quoi nourrir des inquiétudes quant à la solidité de l’ensemble de la structure.

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