Annoncé en fanfare en 2021, le partenariat stratégique trilatéral de sécurité entre l'Australie, le Royaume-Uni et États-Unis (AUKUS) ne cesse de susciter des remous. Aux risques d’une prolifération nucléaire que nous avons décryptée précédemment sur Élucid, s’ajoute désormais un dilemme interne. Selon le bon plaisir de Donald Trump ou de ses successeurs, l’Australie pourrait bien ne jamais voir les sous-marins nucléaires d’attaques (SNA) qu’elle finance.

« Art. 1352 — Autorisation de vente de sous-marins de classe Virginia à l’Australie [...] Le président est autorisé à transférer jusqu’à deux sous-marins de classe Virginia, provenant des stocks du Département de la Marine, au gouvernement australien dans le cadre d’une vente, et à transférer un troisième sous-marin de classe Virginia [...]. »
Cet extrait (p. 514-515) de la Loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice fiscal 2024, paraphé le 22 décembre 2023 par Joe Biden, légalise la vente par les États-Unis de trois sous-marins nucléaires d'attaques (SNA) à l’Australie. Le contrat est désormais acté, signé et bon pour la livraison ; l’engagement américain est irréversible. Sauf que le diable se cache dans les détails. En l’occurrence, l’alinéa (d) de ce texte de loi intitulé « Certifications et autres exigences » :
« Au plus tard 270 jours avant le transfert d’un bâtiment autorisé en vertu du paragraphe (a), le président soumet aux commissions compétentes du Congrès et à la direction du Congrès une certification selon laquelle le transfert de ces bâtiments : (i) ne portera pas atteinte aux capacités sous-marines des États-Unis ; (ii) est conforme à la politique étrangère et aux intérêts de sécurité nationale des États-Unis. »
Cette certification autorise donc Washington à annuler le partenariat et conserver pour son usage exclusif les sous-marins achetés par Canberra. Surgit plus deux ans après le lancement officiel de l’AUKUS, ce droit de veto présidentiel impromptu n’est pas une réelle surprise ; il existe depuis 1968. L’Arms Export Control Act (loi sur le contrôle des exportations d’armes) stipule que le président peut « contrôler l’importation et l’exportation d’articles et de services de défense » en exigeant des licences d’exportation, voire en les révoquant.
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