Le violent incident survenu entre les garde-côtes chinois et philippins au cœur du récif de Second Thomas le 17 juin dernier n’a guère retenu l’attention des médias. Vu les conflits russo-ukrainien et israélo-palestinien, qu’un marin philippin ait perdu un doigt ne justifiait guère de vagues. Et pourtant, au cours de ce énième accrochage, Pékin et Manille sont passés à un doigt – un pouce en l’occurrence – d’une guerre ouverte. La Chine est dûment prévenue, tout décès imputé à des forces étrangères activerait le traité de défense de 1951 liant Manille et Washington. Un tel évènement ouvrirait la voie à un affrontement direct entre les deux premières puissances mondiales, deux puissances nucléaires…
C’est une première. Armés de barres de métal, de machettes et même d’une hache, des garde-côtes chinois (CCG) ont bloqué le 17 juin dernier deux navires philippins chargés de ravitailler le chaland philippin, BRP Sierra Madre, échoués sur le récif de Second Thomas. D’ordinaire, les Chinois se contentent d’y harceler les « intrus » avec des canons à eau jusqu’à ce qu’ils quittent ces hauts fonds où Pékin claironne qu’elle y jouit d’une « indiscutable souveraineté ». L’argumentaire pékinois s’étaye principalement sur des « faits historiques et géographiques » tous aussi invraisemblables les uns que les autres. Stratégiquement parlant, la proximité du récif de Mischief (environ 40 km) terraformé par Pékin en l’une des plus grandes bases en mer de Chine du Sud explique l’acharnement de la Chine à expulser les Philippins de Second Thomas.
Les images satellites sont éloquentes : en 2012 le récif de Mischief était vierge de toute implantation humaine, exception faite d’un infime « abri de pêcheur » érigé par la Chine en 1995. Du moins, c’est ce que la Chine a prétendu quand les Philippines lui ont demandé ce qu’elle y construisait. Mise devant le fait accompli, Manille n'a pas osé exiger le démantèlement de l’aménagement litigieux.
Toutefois, les Philippins ne pouvaient laisser les Chinois s’implanter au large de l’île philippine de Palawan sans réagir. En 1999, ils biaisèrent en échouant volontairement sur le récif de Second Thomas une relique de la Seconde Guerre mondiale, le BRP Sierra Madre transformé en gardien solitaire de la souveraineté de Manille. Pékin fulmina, et exigea que le bateau soit immédiatement dégagé, Manille n’en fit rien. Pourquoi l’aurait-elle fait quand, sous un prétexte douteux, Pékin a subrepticement occupé Mischief ?
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