Le libertarianisme semble aujourd’hui en vogue. Fin 2023, l’Argentine élit ainsi un président ouvertement libertarien, Javier Milei, qui affiche une attitude « anti-système » et une intention claire : élaguer les dépenses publiques à la tronçonneuse. À l'épreuve du pouvoir, que reste-t-il de libertarien chez celui qui se dit tel ? Que nous dit le mandat en cours de Milei sur ce que peut devenir le libertarianisme lorsqu’il est au pouvoir ? Milei offre-t-il l'exemple d'une rupture ou davantage d'une continuité ?

publié le 30/04/2025 Par Mikaël Faujour

L'anecdote a renforcé la réputation de Javier Milei, surnommé « el Loco » (« le fou ») : accablé par la mort de son chien Conan, un mastiff adopté en 2004 et mort en 2017, il le fait cloner en 2018 par la société étasunienne PerPETuate, Inc. pour pas moins de 50 000 dollars. « Une façon de se rapprocher de l'éternité », justifie ce « techno-optimiste fanatique ».

Résultat : six chiots dont quatre sont nommés en référence à des économistes de l'École de Chicago, connue entre autres pour son hostilité à l'interventionnisme économique de l'État, c'est-à-dire à la régulation (prix, salaires, impôt progressif, protectionnisme douanier, redistribution de la richesse, etc.) : Milton (en l'honneur de Milton Friedman), Murray (en l’honneur de Murray Rothbard), Robert et Lucas (en référence à Robert Lucas Jr.).

Pour situer ces penseurs, reprenons la distinction qu'établit la philosophe et spécialiste du libéralisme, Catherine Audard, entre trois courants souvent confondus :

« Le néolibéralisme […], dont l'origine remonte aux années d'avant-guerre avec le colloque [Walter] Lippmann de 1938, mais qui s'est développé surtout grâce aux penseurs de l'école autrichienne, comme [Friedrich] Hayek ou [Ludwig] von Mises ; l'ultralibéralisme, qui a été le programme politique des gouvernements [Margaret] Thatcher et [Ronald] Reagan, conseillés par Milton Friedman et les économistes de l'École de Chicago ; et, enfin, les libertariens qui, avec Robert Nozick et Murray Rothbard, représentent le versant doctrinaire et fondamentaliste du néolibéralisme. » (1).

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