Stratégie allemande de sécurité : un défi pour la France, un échec pour l'UE

Annoncée depuis plus d’un an, l’affirmation géopolitique de l’Allemagne peine à se manifester. Des décennies de sous-investissement dans les forces armées ne sauraient être effacées en quelques mois. Mais il était attendu de Berlin une clarification de ses ambitions nouvelles en matière de politique étrangère, depuis que le Chancelier Scholz avait fait de la guerre en Ukraine une rupture de portée historique, consacrant l’entrée de l’Europe et du monde dans une époque nouvelle.

publié le 10/07/2023 Par Éric Juillot
Stratégie allemande de sécurité : un défi pour la France, un échec pour l'UE

La nouvelle stratégie de sécurité nationale allemande – un texte de 80 pages récemment présenté par le gouvernement allemand – tente de donner corps et consistance à l’idée de ce tournant qui verrait l’Allemagne assumer des responsabilités qu’elle préférait éviter jusque-là.

La Russie, « principale menace pour la paix »

Ce texte décrit par le menu les grands axes d’une « Stratégie nationale de sécurité ». Autant le dire d’emblée, on n’y trouvera aucune réflexion d’ampleur sur les questions proprement géostratégiques. La variété des thèmes abordés – la coopération et le développement, l’organisation des services de police et des pompiers, les chaînes d’approvisionnement économique, etc. – est si grande qu’elle transforme le rapport en une sorte de catalogue hétéroclite, dont les éléments disparates sont unis par une conception extensive de la sécurité.

S’il est vrai que celle-ci ne peut en aucune manière être réduite à la question des forces armées et de la diplomatie, il est vrai tout autant que le retour en force spectaculaire de ces facteurs classiques depuis février 2022 aurait mérité une réflexion de fond, malheureusement absente du texte.

Il faut donc se contenter de quelques formules, au premier rang desquelles figure celle qui concerne la Russie, qualifiée de « principale menace pour la paix dans la région euroatlantique dans un avenir prévisible ». Par sa portée générale, cette formule emporte avec elle plusieurs non-dits dont il convient de dévoiler l’inconséquence. On cherchera en vain, en tout premier lieu, en quoi consisterait – pour Berlin – la menace russe : l’Allemagne, à l’image de la plupart des autres États européens, n’a fait l’objet d’aucune menace particulière de la part des autorités russes avant et après février 2023.

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