« La lutte des classes oppose producteurs contre financiers » - Michel Rocard

Discutant la croyance d’un marché autoéquilibrant, dont on estime faussement que l’équilibre sera optimal, Michel Rocard revenait sur sa carrière, sur les erreurs qui ont pu être commises, et nous invitait à réfléchir à un nouveau modèle de société différent qui ne soit pas centré sur le marchand. Entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2012.

publié le 26/12/2021 Par Olivier Berruyer
Michel Rocard : « La lutte des classes oppose producteurs contre financiers »

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Michel Rocard (1930-2016), homme politique français, est diplômé de Science Po et de l’ENA. Inspecteur des Finances de profession, il a été Ministre du Plan et de l’Aménagement du territoire (1981-1983), Ministre de l’Agriculture (1983-1985), Premier ministre (1988-1991) et Député européen (1994-2009).

Olivier Berruyer (Élucid) : Les actionnaires sont aujourd’hui regroupés au sein de structures de gestion, modifiant profondément le système capitaliste en leur donnant plus de poids et poussant au court-termisme. Qu’en pensez-vous ?

Michel Rocard : Les actionnaires n’ont plus de rapport avec la stabilité des entreprises, et je pense que c’est une des raisons pour lesquelles le capitalisme ne tourne pas, justement. Il faudrait donc changer un peu la nature du pouvoir de décision. Il est très frappant qu’il n’y ait pas, dans nos sociétés capitalistes, de statut de l’entreprise. Il y a certes un statut des sociétés de capitaux, et un Code du travail, mais ce dernier n’est qu’un code des exceptions arrachées de manière anarchique à la toute-puissance des capitaux pour commander, embaucher, licencier, etc.

L’intensification de la présence de salariés dans les conseils change un peu la géographie et la pesanteur du pouvoir de décision. C’est vrai notamment en ce qui concerne les licenciements et les restructurations. Or si nous voulons un peu plus de croissance, il faut augmenter la consommation, donc le pouvoir d’achat. Et quand on est face à un tel niveau de chômage, créant une forte concurrence sur l’emploi, il est impossible pour n’importe quel syndicat d’obtenir des hausses de salaire.

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