La propagande néolibérale nous rabâche souvent le même pseudo-argument sur nombre de plateaux télé : « C’est un scandale : la France a les prélèvements obligatoires les plus élevés d’Europe ! Cela asphyxie les forces vives du pays ! ». Pourtant, la réalité économique est tout autre. D'une part, le taux de prélèvements obligatoires n’a jamais baissé au cours des 50 dernières années, en dépit des dures politiques néolibérales menées. D’autre part, les pays avec un taux de prélèvements deux fois plus faible ne connaissent aucun nirvana économique – et s’en sortent même parfois moins bien que la France. Le problème est donc (volontairement) mal posé, ce qui empêche le grand public de bien comprendre les enjeux, mais aussi de prendre de bonnes décisions. Comment les néolibéraux travestissent-ils la réalité du fonctionnement du secteur public pour fabriquer le consentement à la destruction des services publics et à l’augmentation des inégalités au bénéfice des plus riches ? Explications.

publié le 10/10/2024 Par Olivier Berruyer

1- Il n'y a pas de gabegie administrative
2- Les gros patrimoines paient très peu d'impôts
3- Le néolibéralisme détruit notre protection sociale
4- Analyser correctement
5- Les dépenses de l’État en chute libre
Ce qu'il faut retenir


On entend en général tout et (surtout) n’importe quoi concernant les recettes publiques, payées essentiellement sous forme d’impôts. Leur niveau est d’ailleurs souvent confondu avec le niveau des dépenses publiques qui, en 2023, a représenté 57 % du PIB.

Dépenses des administrations publiques en France, 1960-2023Dépenses des administrations publiques en France, 1960-2023

En théorie, la puissance publique dispose de la capacité de lever les impôts ; elle devrait donc fixer le montant de dépenses qu’elle juge adéquat, puis lever les impôts correspondants, sans générer de déficit. C’est ce qui s’est passé jusqu’au début des années 1970, période qui a correspondu aux prémices du développement du néolibéralisme. Une de ses multiples conséquences a été la gestion désastreuse des finances publiques.

Depuis lors, les déficits ont été permanents et jamais l’équilibre n’a été atteint depuis 1975. Les gouvernements ont systématiquement décidé de ne pas lever tous les impôts nécessaires. Cela a non seulement permis de ne pas toucher au patrimoine des plus riches, mais cela leur a même permis de le développer en prêtant à l’État (contre rémunération) l'argent que ce dernier refusait de leur prendre. S’enrichir grâce à l’État via la perception d’intérêts sur le montant des impôts non versés : voilà l'une des recettes classiques de la fortune de la ploutocratie.

Ainsi, en 2023, face à des dépenses publiques représentant 57 % du PIB, le gouvernement a décidé de n’appeler que 52 % du PIB en recettes. Cette gestion lamentable a donc généré un gigantesque déficit de 5 % du PIB, soit près de 150 milliards d'euros. Les taux d’intérêt étant actuellement de plus de 3 %, cela va représenter, pour des décennies, une charge annuelle supplémentaire d’intérêts de 4 Md€ par an, soit un montant supérieur au budget total de la Culture par exemple. Juste pour le déficit de 2023 donc…

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