Au grand dam de la BCE, une douzaine de pays européens, dont l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique, ont appliqué une surtaxation des profits exceptionnels des banques, accumulés depuis 2022 à la faveur de la remontée spectaculaire des taux depuis un an et demi. En revanche, en France, où les banques sont de véritables mastodontes, la question n’est même pas un sujet au motif de « l’exception à la française » du secteur bancaire, qui octroie des crédits principalement à taux fixes et où l’épargne réglementée (massive) est rémunérée (partiellement) en fonction de l’inflation. Sauf qu’en réalité, cette particularité ne fait que retarder la flambée générale des bénéfices exceptionnels des banques. Et celles-ci réalisent déjà des profits records.
Après la taxe sur les superprofits des géants du secteur de l’énergie au niveau européen, c’est au tour du secteur bancaire d’être sous le feux des projecteurs. Il faut dire que leurs profits atteignent des niveaux astronomiques. Selon les estimations consensuelles citées par les analystes de BNP Paribas Exane, le secteur bancaire devrait dégager 223 milliards d'euros de résultat net en 2023, contre 172 milliards d'euros en 2022 (qui était déjà une année exceptionnelle) et 123 milliards d’euros en 2021.
Les banques européennes profitent à plein de la remontée des taux d’intérêt, qui s’est enclenchée en juillet 2022. En un peu plus d’un an, la Banque centrale européenne (BCE) a en effet relevé son taux directeur à dix reprises, passant de 0 % à 4 %. Objectif : tenter d’enrayer la flambée inflationniste qui a bousculé le paysage économique global depuis la fin 2021. Mécaniquement, les banques commerciales du Vieux Continent ont reporté cette poussée fiévreuse des taux sur ceux qu’ils appliquent pour les crédits qu’elles accordent aux particuliers et aux entreprises. Sans pour autant augmenter la rémunération des comptes courants de leurs clients (1)…
En somme, elles ont profité du changement de paradigme pour gonfler leurs marges d’intérêt. À tel point que selon la banque suisse UBS, les profits d'intérêt des banques européennes devraient représenter quelque 378 milliards d’euros en 2023, contre 270 milliards en 2021. C’est 100 milliards de plus qu’il y a deux ans…
Une douzaine d’États européens taxent déjà les superprofits des banques
Face à de tels niveaux de bénéfices, plusieurs États européens se sont penchés sur la question d’une surtaxation. C’est l’Espagne qui a démarré le mouvement dès la mi-2022, avec une taxation temporaire sur les superprofits des banques, en même temps que celle instaurée dans le secteur énergétique. Le pays a décidé de frapper le Produit net bancaire (PNB) des banques qui affichaient plus de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, à hauteur de 4,8 %. Résultat : 1,26 milliard d’euros collectés en 2022. Un chiffre qui devrait être similaire en 2023. Et désormais, le gouvernement souhaite rendre cette surtaxation permanente.
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