Dans son dernier livre, Comment la Palestine fut perdue et pourquoi Israël n’a pas gagné, Jean-Pierre Filiu décrit longuement un aspect méconnu du conflit israélo-palestinien : le poids du sionisme chrétien dans le soutien constant des États-Unis à Israël.

publié le 13/06/2024 Par Éric Juillot

Il aura fallu huit mois, huit mois de guerre, au cours desquels des dizaines de milliers de civils palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, pour que le soutien des États-Unis à Israël commence à s’effriter. La Maison-Blanche a en effet fait savoir début mai qu’elle songeait à suspendre une énième livraison de munitions à l’État hébreu – des bombes MK84 non guidées particulièrement destructrices.

Si l’opération militaire en cours à Gaza a bénéficié longtemps d’un soutien sans faille, si une large part des bombes et des obus tirés par Israël est d’origine américaine, c’est en raison de l’émotion légitime suscitée par les massacres de civils israéliens qui ont accompagné le coup de force du Hamas, le 7 octobre dernier. Mais c’est aussi une illustration, après beaucoup d’autres, du soutien inconditionnel des États-Unis à la sécurité et à la défense d’Israël, quoi qu’il en coûte aux contribuables américains et, surtout, à l’image des États-Unis dans le monde, écornée par le constat d’une application à géométrie variable du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sinon d’un rejet caractérisé des aspirations légitimes du peuple palestinien.

Il y a dans ce soutien quelque chose qui échappe aux considérations d’ordre rationnel, puisque les Américains y sacrifient avec constance leur intérêt national, puisqu’ils n’en obtiennent rien de concret en retour. Incompréhensible sur le plan de la Realpolitik, l’engagement américain en faveur d’Israël ne l’est pas davantage dans une perspective idéaliste : l’idée qu’Israël mériterait d’être défendu en tant que seule « démocratie véritable » du Moyen-Orient ne résiste pas un instant à l’analyse, si l’on garde à l’esprit le poids aujourd’hui déterminant de l’extrême droite dans la vie politique israélienne, le mépris pour la paix que représente l’entreprise massive de colonisation des territoires occupés, engagées il y a des décennies, ou la violence disproportionnée de toutes les ripostes israéliennes aux attaques palestiniennes.

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