Il y a quelques mois, le gouvernement s’était bruyamment félicité des chiffres du chômage en baisse, parlant même d’un futur retour au « plein emploi ». Les grands médias avaient alors relayé sa propagande sans recul. Pourtant, enjolivée par des interventions statistiques et basée sur des emplois en réalité subventionnés à crédit, la reprise de l'emploi était bien moins réjouissante qu'annoncé. Et comme nous l’avions anticipé en 2024, la situation de l'emploi s’est fortement dégradée au cours du dernier trimestre, et il est à craindre que cette tendance perdure en 2025. On vous explique tout sur cet n-ième échec de la politique macroniste.
![](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/explosion-chomage-france-macron-plus-moyens-masquer-echec-economique-elucid.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
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1- Le chômage a très fortement augmenté au 4e trimestre 2024
2- Un actif sur cinq reste inscrit à France Travail
3- Des évolutions différentes entre catégories
4- Un très forte baisse des sorties de France Travail
5- Réalités statistiques
6- Le retournement s'est confirmé
Ce qu'il faut retenir
Cette analyse graphique originale d'Olivier Berruyer pour Élucid est une mise à jour de notre suivi régulier et actualisé des grands indicateurs économiques.
Rappelons tout d'abord qu’en France, il existe plusieurs manières de définir un « chômeur » et donc de mesurer le chômage. France Travail distingue cinq catégories de chômeurs, à la recherche de n’importe quel type de contrat (CDI, CDD, à temps plein, à temps partiel, temporaire ou saisonnier). La catégorie la plus utilisée dans le débat public est la catégorie A, qui désigne « une personne sans emploi, à la recherche de n’importe quel type de contrat, et tenue de rechercher activement un emploi ».
![Nombre de chômeurs par catégorie de France Travail en France, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-10-nombre-chomeurs-categorie-france-travail-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Nombre de chômeurs par catégorie de France Travail en France, 1996-2024 Nombre de chômeurs par catégorie de France Travail en France, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-10-nombre-chomeurs-categorie-france-travail-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Le chômage a très fortement augmenté au 4e trimestre 2024
Selon France Travail, en moyenne au 4e trimestre 2024, le nombre de chômeurs en « catégorie A » est en très forte augmentation de plus de 115 000 personnes, soit près de 4 % de hausse. Le nombre de chômeurs au sens large (catégories A à E) a augmenté de plus de 90 000 personnes, soit +1,5 %.
![Évolution du chômage en France au quatrième trimestre 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-23-chiffres-chomage-et-interim-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Évolution du chômage en France au quatrième trimestre 2024 Évolution du chômage en France au quatrième trimestre 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-23-chiffres-chomage-et-interim-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Si l'on observe de plus près la variation du chômage (de catégorie A), on constate un énorme retournement : avec près de 120 000 chômeurs en plus ce trimestre, le chômage connait sa plus forte hausse depuis 15 ans, alors en pleine crise de 2008.
![Variation trimestrielle du nombre de chômeurs en France, 2008-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-30-variation-trimestrielle-chomeurs-a-france-depuis-2000-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Variation trimestrielle du nombre de chômeurs en France, 2008-2024 Variation trimestrielle du nombre de chômeurs en France, 2008-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-30-variation-trimestrielle-chomeurs-a-france-depuis-2000-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
On note également un comportement assez étrange, très erratique depuis la fin de 2022, alors que 10 ans auparavant, les évolutions suivaient les grands cycles économiques. C’est surprenant, surtout dans un contexte de dégradation marquée de l’économie, comme on l’a vu dans notre article sur la conjoncture ou celui sur l’activité économique en France. En réalité, il s’agit probablement des conséquences d’interventions statistiques (reclassements entre catégories, etc.) et politiques visant à contenir la hausse des chiffres du chômage, en particulier à coups de subventions à l’emploi financées par de la dette.
En revanche, si l'on élargit le spectre à l’ensemble des chômeurs (qu’ils aient récemment travaillé ou pas, catégories A à C), les choses redeviennent un peu plus « logiques ». On observe une dégradation continue de la situation entre début 2022 et fin 2023, en phase avec l’activité économique. La baisse très temporaire du printemps 2024 apparaît beaucoup moins marquée pour cette catégorie de chômage élargie ; elle était certainement en lien avec les fortes dépenses fiscales du gouvernement.
![](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-50-variation-trimestrielle-chomeurs-a-e-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-50-variation-trimestrielle-chomeurs-a-e-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Variation trimestrielle du nombre d'inscrits ne travaillant pas en France, 2008-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-40-variation-trimestrielle-chomeurs-a-c-france-depuis-2000-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Variation trimestrielle du nombre d'inscrits ne travaillant pas en France, 2008-2024 Variation trimestrielle du nombre d'inscrits ne travaillant pas en France, 2008-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-40-variation-trimestrielle-chomeurs-a-c-france-depuis-2000-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Une analyse plus fine de l’évolution du dernier trimestre des catégories A à C laisse apparaître une différence très peu marquée par genre. Le nombre de jeunes au chômage a fortement augmenté de 30 000 inscrits (probablement en raison de la baisse du nombre de contrats d’alternance subventionnés par l’État), le reste de la hausse étant essentiellement porté par les chômeurs d’âge intermédiaire (+ 50 000) ; le nombre de séniors au chômage a quant à lui augmenté de 10 000 inscrits.
![Évolution du nombre de chômeurs en France par sexe et âge au T4 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-51-demandeurs-emploi-inscrits-france-travail-sexe-age-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Évolution du nombre de chômeurs en France par sexe et âge au T4 2024 Évolution du nombre de chômeurs en France par sexe et âge au T4 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/01-51-demandeurs-emploi-inscrits-france-travail-sexe-age-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Les chiffres mensuels montrent que la légère amélioration constatée durant l’été 2024 a été de courte durée. Le nombre de chômeurs (catégorie A) a en effet recommencé à augmenter fortement depuis septembre, avec + 40 000 personnes en septembre, octobre et novembre, et encore +20 000 en décembre.
![Variation mensuelle du nombre de chômeurs en France, 2022-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/02-10-variation-mensuelle-nombre-chomeurs-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Variation mensuelle du nombre de chômeurs en France, 2022-2024 Variation mensuelle du nombre de chômeurs en France, 2022-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/02-10-variation-mensuelle-nombre-chomeurs-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Les chiffres de l’ensemble des chômeurs au sens large (inscrits à France Travail ne travaillant pas, catégorie A à C) se sont également fortement dégradés.
![Variation mensuelle du nombre d'inscrits ne travaillant pas en France, 2022-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/02-20-variation-mensuelle-nombre-inscrits-travaillant-pas-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Variation mensuelle du nombre d'inscrits ne travaillant pas en France, 2022-2024 Variation mensuelle du nombre d'inscrits ne travaillant pas en France, 2022-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/02-20-variation-mensuelle-nombre-inscrits-travaillant-pas-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Cette évolution du chômage est probablement une conséquence de la fin des dépenses incontrôlées du gouvernement (qui dopaient artificiellement l'économie), analysées dans notre article sur le Budget de l’État en France. L’incertitude politique actuelle n’a pu que renforcer la tendance actuelle en dissuadant des entreprises d’embaucher.
Une baisse depuis 2018 pas si « historique » : 1 actif sur 5 reste inscrit à France Travail
Depuis 2007, le nombre de chômeurs en Catégorie A – c’est-à-dire des « personnes sans emploi récent qui en recherchent un » – a de plus en plus fortement divergé de celui des chômeurs selon la définition du BIT (Bureau International du Travail) qui est utilisée pour les comparaisons internationales, et qui est sans cesse mise en avant par le gouvernement.
Le chômage au sens du BIT a baissé notablement en raison de reclassements internes dans ses catégories, principalement pour les séniors qui ont été de plus en plus retenus sur le marché du travail (et au chômage) par les réformes des retraites.
Ces manipulations statistiques posent un vrai problème, car l’Insee utilise cette définition restreinte du BIT pour calculer le taux de chômage, que la plupart des médias et des dirigeants politiques reprennent, puisqu'il est bien moins élevé (il ne comptabilise pas beaucoup de chômeurs considérés comme inactifs). Cela fausse évidemment la lecture des chiffres du chômage. Le taux officiel du BIT est ainsi actuellement de 7,4 % de la population active.
![Taux de chômage au sens du BIT en France, 1945-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-10-taux-chomage-sens-BIT-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Taux de chômage au sens du BIT en France, 1945-2024 Taux de chômage au sens du BIT en France, 1945-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-10-taux-chomage-sens-BIT-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Premier point : c’est un chiffre qui est bas par rapport aux moyennes depuis 1982, mais il reste élevé, sans commune mesure avec la situation de plein emploi des Trente Glorieuses. Vouloir faire croire le contraire est donc extrêmement manipulatoire. C’est pourtant ce que le président Macron et la majorité ont fait au printemps 2023, en déclarant que le « plein emploi est atteignable, plus proche que jamais », ce qui est évidemment faux. Et la réalité vient de le rattraper, deux ans après.
![](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2023/05/11-1-macron-objectif-plein-emploi-17-05-2023-v1.png_fit-1000x0-q87-hash00.png?x66744)
Source : Twitter
Second point : si l'on souhaite corriger les imperfections de la méthode du BIT liées à la hausse de la proportion de chômeurs très âgés, il suffit de se baser sur les chiffres de France Travail. Avec la seule Catégorie A, le taux de chômage n’est alors plus de 7,5 %, mais plutôt de 10 %. Et si l'on prend tous les inscrits, on dépasse les 20 % de la population active ! 1 actif sur 5 est donc inscrit à France Travail.
![Taux de chômage en France, 1950-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-20-taux-chomage-bit-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Taux de chômage en France, 1950-2024 Taux de chômage en France, 1950-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-20-taux-chomage-bit-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
En fin de compte, le niveau de chômage – qu’il soit mesuré par France Travail ou le BIT – est donc assez proche du niveau enregistré à la veille de la crise de 2008. En revanche, le total des inscrits à France Travail est, de loin, à ses plus hauts historiques.
Des évolutions différentes entre catégories
Autre problème : au niveau des catégories au cours du dernier trimestre, on observe une décorrélation entre la catégorie A, qui explose de près de 120 000 personnes, la catégorie B qui diminue de plus de 20 000 chômeurs et la catégorie C qui stagne. C’est en réalité dû à un retraitement statistique qui a basculé environ 30 000 chômeurs des catégories B et C vers la catégorie A. La hausse du chômage total n’en reste pas moins historique depuis une décennie.
![Évolution du nombre de chômeurs en France par catégorie et âge au T4 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-21-demandeurs-emploi-inscrits-france-travail-categorie-age-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Évolution du nombre de chômeurs en France par catégorie et âge au T4 2024 Évolution du nombre de chômeurs en France par catégorie et âge au T4 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-21-demandeurs-emploi-inscrits-france-travail-categorie-age-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Les retraitements statistiques des chiffres du chômage sont un problème récurrent, comme l’avait par exemple montré par le passé le quotidien La Marseillaise.
Si l’on considère l’ensemble des catégories définies par France Travail, depuis trente ans, le nombre de chômeurs en France a augmenté significativement, particulièrement depuis la crise de 2008 : il est en effet passé de 4 millions à près de 7 millions d’inscrits en 10 ans, avant de retomber au niveau actuel de plus de 6 millions.
La seule « Catégorie A » – dont on parle généralement dans les médias – comptabilise toujours 3 millions de chômeurs.
![Niveaux du chômage en France, 1991-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-30-niveau-chomage-france-depuis-1991-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Niveaux du chômage en France, 1991-2024 Niveaux du chômage en France, 1991-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-30-niveau-chomage-france-depuis-1991-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Depuis 2021, le nombre d’inscrits en catégorie A a beaucoup baissé, mais pas celui en catégories B et C, qui sont pourtant proches (rappelons que ce sont simplement des chômeurs qui ont plus ou moins travaillé au cours du mois passé).
![Nombre de chômeurs par catégorie de France Travail en France, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-40-nombre-chomeurs-categorie-france-travail-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Nombre de chômeurs par catégorie de France Travail en France, 1996-2024 Nombre de chômeurs par catégorie de France Travail en France, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-40-nombre-chomeurs-categorie-france-travail-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Ces discordances s’observent bien en analysant l'évolution en nombre des catégories de chômeurs au fil des mois, surtout depuis mi 2022.
Elles deviennent même flagrantes lorsque l'on compare avec les périodes précédentes de forte baisse du chômage, en 2000 ou 2007. À l’époque, les catégories A, B et C baissaient bien ensemble la plupart du temps.
![Évolution du nombre de chômeurs par catégorie de France Travail, 1997 à 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-50-evolution-nombre-chomeurs-categorie-france-travail-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Évolution du nombre de chômeurs par catégorie de France Travail, 1997 à 2024 Évolution du nombre de chômeurs par catégorie de France Travail, 1997 à 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-50-evolution-nombre-chomeurs-categorie-france-travail-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
La situation est depuis bien plus contrastée, signe que des phénomènes « non naturels » sont probablement à l’œuvre (reclassements entre catégories, radiations, subventions à l’emploi qui n’impacte que certaines catégories…).
Une très forte baisse des sorties de France Travail
Sur longue période, les entrées mensuelles à France Travail sont passées de 400 000 en 1996 à 550 000 fin 2024. Les motifs d’entrées (démissions, recherches de premier emploi, fins de contrat d’intérim ou de CDD…) n’ont pas varié dans de grandes proportions ces 25 dernières années.
![Entrées et sorties mensuelles à France Travail, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-51-entrees-sorties-mensuelles-france-travail-depuis-1996-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Entrées et sorties mensuelles à France Travail, 1996-2024 Entrées et sorties mensuelles à France Travail, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-51-entrees-sorties-mensuelles-france-travail-depuis-1996-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
La baisse du chômage depuis 2021 a été le résultat d’une forte baisse des entrées et d’une relative stabilité des sorties. Ce phénomène positif s’est terminé en juillet 2023.
Désormais, les entrées sont (un peu) à la hausse et les sorties (beaucoup) à la baisse à des niveaux inconnus depuis 10 ans. Ceci montre la dégradation de l’économie et explique la hausse du chômage ; c’est un très mauvais signe pour 2025.
![Entrées et sorties mensuelles à France Travail, 2016-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-52-entrees-sorties-mensuelles-france-travail-depuis-2016-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Entrées et sorties mensuelles à France Travail, 2016-2024 Entrées et sorties mensuelles à France Travail, 2016-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-52-entrees-sorties-mensuelles-france-travail-depuis-2016-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
On comprend mieux l’origine de cette situation en observant le taux d’emplois vacants, c’est-à-dire la proportion d’emplois (nouvellement créées, inoccupés ou occupés) pour lesquels des démarches actives sont entreprises pour trouver le candidat convenable.
Il saute aux yeux que, même si elle s’est améliorée, la situation reste exceptionnelle : ce taux est près de 3 fois supérieur à sa moyenne 2003-2013. Plus de 2,5 % des emplois sont vacants, soit environ 500 000, essentiellement en raison de difficultés à trouver un remplaçant.
![Taux d'emplois vacants en France, 2003-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-53-taux-emplois-vacants-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Taux d'emplois vacants en France, 2003-2024 Taux d'emplois vacants en France, 2003-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-53-taux-emplois-vacants-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Après la crise du Covid, au vu des difficultés de recrutement, de très nombreuses entreprises ont préféré ne pas se séparer d’employés de crainte de ne pouvoir en retrouver à court ou moyen terme.
C’est cela qui explique que les entrées à France Travail sont tombées à un très bas niveau en 2021, ce qui a mathématiquement beaucoup joué dans la baisse du chômage. Mais ce phénomène est désormais terminé. La question qui se pose désormais est donc : combien de ces postes excédentaires les entreprises vont-elles garder à moyen terme ? La tendance fait craindre qu’une correction vienne de débuter. Et la récente révélation par la CGT de l’existence de 300 plans sociaux menaçant 300 000 emplois confirme ces craintes.
Plus en détail, les motifs des entrées à France Travail montrent bien la baisse des licenciements et des fins de contrats après la crise du Covid. La hausse récente des « retours d’inactivité » a deux principales causes : les retours de maladie (après Covid par exemple) et de formation (suite aux manipulations statistiques pour sortir des chômeurs de la catégorie A).
![Entrées mensuelles à France Travail par motif, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-60-entrees-mensuelles-france-travail-par-motif-depuis-1996-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Entrées mensuelles à France Travail par motif, 1996-2024 Entrées mensuelles à France Travail par motif, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-60-entrees-mensuelles-france-travail-par-motif-depuis-1996-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
La baisse actuelle des sorties de France Travail est essentiellement portée par la chute des reprises d’activité : les entreprises ne licencient pas plus, mais elles embauchent moins. Si cela se poursuit, cela signera le début d’une crise.
![Motifs de sortie de France Travail, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-70-sorties-mensuelles-france-travail-par-motif-depuis-1996-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Motifs de sortie de France Travail, 1996-2024 Motifs de sortie de France Travail, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-70-sorties-mensuelles-france-travail-par-motif-depuis-1996-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
L’analyse de ces chiffres est très importante : c’est elle qui permet de montrer que le Premier ministre a menti quand il a déclaré dans une interview le 2 février à La Tribune que : « [les Français] ont raison d’être inquiets, même si l’augmentation dont vous parlez s’explique aussi par un petit biais statistique, car c’est le premier trimestre où des gens qui n’étaient pas inscrits ont été réintégrés d’office ». En réalité, ce n’est qu’à compter de janvier 2025 que France Travail va systématiquement inscrire les bénéficiaires du RSA, conformément à la « loi pour le plein emploi ». Ce phénomène n’a donc pas pu jouer au 4e trimestre 2024 ; on a d’ailleurs clairement vu que la hausse du chômage était liée à une baisse des sorties, et non pas à une hausse des entrées.
On note une forte augmentation de la part des défauts d’actualisation dans le nombre de sorties : elles représentaient 90 000 personnes en 1996, soit moins de 30 % des sorties, contre 240 000 actuellement, soit près de la moitié des sorties.
La hausse des radiations administratives est également notable : entre 1996 et 2007, les radiations administratives de France Travail ont été multipliées par 6, passant de 8 000 à 50 000 par mois. Elles fluctuent depuis entre 40 000 et 56 000 par mois, un maximum historique qu’elles ont récemment atteint.
![Radiations administratives par France Travail, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-80-radiations-administratives-mensuelles-france-travail-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Radiations administratives par France Travail, 1996-2024 Radiations administratives par France Travail, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/03-80-radiations-administratives-mensuelles-france-travail-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Cette forte augmentation des radiations et des défauts d’actualisation, même après la présidentielle 2022, confirme bien les actions menées pour embellir fictivement les chiffres du chômage.
Un nombre d’offres d’emplois élevé, mais en baisse, insuffisant face au chômage de masse
Alors qu’en 2019 le nombre d’offres d’emplois collectées par France Travail chaque mois oscillait autour de 280 000, il est monté jusqu’à près de 350 000 en 2022-2023 – c’est une des conséquences des problèmes actuels de recrutement. Cependant, ce nombre ne cesse de diminuer depuis la mi-2023, ce qui confirme le fait que l’économie est bien en retournement.
![Offres d'emplois collectées par France Travail chaque mois, 2016-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/04-10-offres-emplois-collectees-par-france-travail-mensuel-depuis-2019-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Offres d'emplois collectées par France Travail chaque mois, 2016-2024 Offres d'emplois collectées par France Travail chaque mois, 2016-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/04-10-offres-emplois-collectees-par-france-travail-mensuel-depuis-2019-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Cependant, avec 15 fois plus de demandes que d’offres d’emploi, même si toutes ces offres étaient pourvues en un instant, il resterait toujours plusieurs millions de chômeurs en France.
Réalités statistiques
Il existe également de vastes différences des taux de chômage au niveau local : les départements du nord de la France et ceux du pourtour méditerranéen sont fortement frappés par le chômage, et plus encore ceux des Départements d'outre-mer.
![Taux de chômage par département en France, septembre 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/04-20-taux-chomage-par-departement-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Taux de chômage par département en France, septembre 2024 Taux de chômage par département en France, septembre 2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/04-20-taux-chomage-par-departement-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Terminons par une observation du chômage de longue durée. Celui-ci n’a cessé d’augmenter entre 2009 et 2021. Une décrue a enfin lieu entre 2021 et 2023, mais elle reste insatisfaisante. Avec 2,3 millions de chômeurs de longue durée, ce chômage particulièrement destructeur reste en effet identique à celui de 2015. Et le mouvement de baisse semble désormais terminé.
![Nombre de chômeurs de longue durée en France, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/04-80-nombre-de-chomeurs-longue-duree-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Nombre de chômeurs de longue durée en France, 1996-2024 Nombre de chômeurs de longue durée en France, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/04-80-nombre-de-chomeurs-longue-duree-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Cette baisse s’est logiquement ressentie sur la durée moyenne passée au chômage. Passée en une décennie de 13 mois à 23 mois, elle vient de baisser d’à peine 3 mois à 20 mois, ce qui dément donc l’hypothèse d’une embellie historique de la situation de l’emploi.
![Ancienneté moyenne au chômage en France, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/04-90-anciennete-moyenne-chomage-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Ancienneté moyenne au chômage en France, 1996-2024 Ancienneté moyenne au chômage en France, 1996-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/04-90-anciennete-moyenne-chomage-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
À peine plus de 1 chômeur sur 2 est indemnisé
Cette notion de durée moyenne au chômage de 21 mois est aussi très importante, car elle influe fortement sur l’indemnisation. En effet, l’indemnisation au taux de 75 % est limitée à une durée variant de 18 à 27 mois selon l’âge (+ 15 à 22 mois de fin de droits). Ceci explique une partie de la baisse de la proportion de chômeurs indemnisés. À peine plus de 1 chômeur sur 2 est indemnisé.
![Proportion des chômeurs indemnisés en France, 2006-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/05-00-proportion-chomeurs-indemnises-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Proportion des chômeurs indemnisés en France, 2006-2024 Proportion des chômeurs indemnisés en France, 2006-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/05-00-proportion-chomeurs-indemnises-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
La baisse récente du taux d’indemnisés s’explique aussi par les réformes régressives de l’assurance chômage impulsées par le président Macron…
Le retournement s’est confirmé
Comme nous l’avions annoncé au cours des trimestres précédents, la situation de l’emploi s’est finalement brutalement retournée fin 2024. Et au vu de l’évolution inquiétante de différents fondamentaux économiques, il semble probable que le chômage continue à augmenter en 2025, d’autant que le gouvernement va devoir cesser ses colossales subventions aux entreprises (financées de manière irresponsable par de la dette), qui expliquaient une large partie de la baisse du chômage depuis 2018.
![Chômage, halo et sous-emploi en France, 2003-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/05-10-chomage-halo-sous-emploi-france-2025-02-mob.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
![Chômage, halo et sous-emploi en France, 2003-2024 Chômage, halo et sous-emploi en France, 2003-2024](https://elucid.media/wp-content/uploads/resized/2025/02/05-10-chomage-halo-sous-emploi-france-2025-02-d.jpg_fit-1000x0-q87-hash00.jpg?x66744)
Plus largement, l’évolution du sous-emploi et du halo du chômage confirme une dégradation en profondeur du marché du travail.
Cela confirme de nouveau que l’embellie de l’emploi de 2017-2022 était très différente des précédentes, devant plus à des actions sur les postes de travail et les travailleurs (d’où la baisse de la productivité analysée dans cet article sur les réformes antisociales d'Emmanuel Macron) qu’à une réelle amélioration intrinsèque du marché de l'emploi. La politique du gouvernement, assise sur du vent, a donc échoué : l’emploi n’a nullement été consolidé en profondeur par sa politique de l’offre ; il a juste été mis sous anabolisants via le déficit public et la dette.
Ce qu’il faut retenir
Le taux de chômage atteint 7,4 %, un niveau relativement bas, proche de celui de 2008. Cependant, ce chiffre est assez trompeur, car il ne tient pas compte de certains types de chômeurs.
En réalité, les chômeurs représentent au sens le plus strict 10 % de la population active, soit 3,2 millions de personnes, et les inscrits à France Travail s’élèvent à plus de 6 millions de personnes, 20 % de la population active – soit 1 travailleur sur 5, et même environ 1 sur 4 dans le secteur privé.
La situation du chômage reste donc toujours dramatique. Il y a quelques mois à peine, le gouvernement s’est répandu dans les grands médias sans contradiction pour déverser sa propagande sur un chômage au « plus bas depuis 40 ans », osant même parler d’objectif démagogique de « plein emploi ».
Pourtant, le fait que les inscrits à France Travail restent à un niveau stratosphérique, qui n’avait jamais été atteint avant 2015, montre que l’amélioration de l’emploi mesuré par les statistiques a surtout correspondu à la création d’emplois au rabais, subventionnés, à temps partiel et insatisfaisants pour nombre de travailleurs.
Les derniers chiffres publiés sont très inquiétants, et font craindre qu’une crise économique soit en gestation. Les prochains mois le confirmeront ou pas. Cependant, les perspectives moroses de l’activité économique laissent craindre une poursuite de la tendance haussière du chômage en 2025.
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