Pour comprendre ce qu’est en train de devenir l’Union européenne, il faut se pencher sur son histoire, et la première chose dont il faut prendre conscience, à propos de ce qu’il est convenu d’appeler « la construction européenne », c’est qu’elle n’est pas européenne.



Abonnement Élucid
En 1940, l’Inspirateur (comme le nommait le général de Gaulle) de toute l’affaire, Jean Monnet, un courtier en cognac devenu banquier américain, refusa de devenir le représentant de la France Libre à Washington pour se mettre au service des Anglo-Saxons, dont il servit fidèlement les intérêts jusqu’à sa mort, nonobstant sa carte d’identité française. Je me rappelle Étienne Burin des Roziers, secrétaire général de l’Élysée de 1962 à 1967, me disant avec un demi-sourire : « Mais vous savez, pour un Américain, Monnet n’était pas si anti-français ».
Une « construction européenne » américaine
Dès 1951, c’est en partie pour absorber le charbon américain, cher et de mauvaise qualité – alors qu’outre-Atlantique on craignait une surproduction après la fin de l’effort de guerre – que fut fondée la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), qui liquida les charbonnages européens. Et tous les « pères fondateurs » de la religion européiste furent, après 1945, étroitement liés aux États-Unis d’Amérique, leur carrière dans les institutions européennes se prolongeant à l’OTAN ou dans des conseils d’administration de grandes sociétés étasuniennes.
La Communauté européenne de défense (CED), que fit échouer en 1954 l’alliance des gaullistes et des communistes français, était indissociable de la volonté de Washington de réduire ses troupes stationnées en Europe afin de pouvoir les envoyer en Corée. Quant au traité de Rome qui, en 1957, fonda la Communauté économique européenne (CEE), il visait un abaissement des barrières douanières, voulu par les États-Unis – parce que le libre-échange est toujours la loi du plus fort –, afin de favoriser les exportations américaines vers le vieux continent et leur libre circulation à l’intérieur de la CEE.
En cela, il prolongeait l’action de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) créée en 1948 pour répartir les moyens alloués par le Plan Marshall, c’est-à-dire organiser un marché euro-atlantique. Devenue Organisation de coopération et de développement économique en 1961, cette OCDE joua un rôle majeur dans l’imprégnation des milieux académiques et politiques par le libéralisme et le libre-échangisme, mais aussi dans l’harmonisation des normes et règlements nationaux afin, là encore, de lever les obstacles à la pénétration et à la circulation des produits américains dans l’espace ouest-européen.
De même, l’idée d’une monnaie unique européenne, destinée à limiter les risques de change pour les entreprises américaines opérant en Europe occidentale, est-elle soufflée, dès 1965, par le Département d’État américain à Robert Marjolin, alter ego de Monnet dès 1940, secrétaire général de l’OECE de 1948 à 1955, un des rédacteurs du traité de Rome de 1957, puis vice-président de la Commission européenne de 1958 à 1967.
Outre la marginalisation des pouvoirs élus devant rendre des comptes à leur peuple au profit de ce que de Gaulle nommait une « technocratie commode », dotée de confortables prébendes, la « construction européenne » a donc essentiellement visé l’avènement d’un marché euro-atlantique, conformément à la volonté de Washington, que devait couronner le Traité de libre-échange transatlantique (TAFTA), négocié par la Commission européenne dans la plus totale opacité, afin de le soustraire à tout débat démocratique, et qui fut gelé (mais pas abandonné) en 2016, sous la pression de mouvements citoyens en Europe, puis du fait de l’opposition de Donald Trump.
C’est que Trump a compris que les États-Unis ne sont plus les plus forts, qu’ils n’ont donc plus avantage au libre-échange – l’UE leur devenant dès lors inutile. Déjà sensible lors du premier mandat de Trump, ce désamour pour l’UE vire même désormais à l’hostilité, lorsque le président américain, contre toute évidence, prétend que l’UE a été bâtie pour arnaquer les États-Unis, lorsqu’il tient les Européens pour quantité négligeable dans le règlement de la question ukrainienne ou lorsqu’il ignore ostensiblement la présidente de la Commission.
Paradoxale, cette situation explique l’affolement et le raidissement des responsables européistes, qui n’arrivent ni à croire ni à comprendre que le projet de fédéralisation ait perdu son fédérateur, le canard de l’UE privé de sa tête américaine continuant à courir en tous sens sans que personne ne prenne plus garde à ses cancanages hystériques.
Une construction a-démocratique
L’Europe selon Monnet n’a donc rien de commun avec ce que les européistes n’ont cessé de chanter sur tous les tons dans des médias acquis à leur cause : la démocratie, le bien-être des citoyens, ou la puissance démultipliée par le nombre – sombre imbécillité, car plus nombreux on est et plus chaque décision n’est que le plus petit dénominateur entre des membres qui n’ont ni la même histoire, ni les mêmes ambitions, ni les mêmes intérêts, ni les mêmes craintes, ni la même vision du monde. Tout cela n’a jamais été qu’un habillage idéologique aujourd’hui aussi usé et vide de sens que la rhétorique communiste en URSS aux derniers feux du brejnévisme.
Ainsi la prétendue construction européenne n’est-elle pas plus démocratique qu’européenne. Une démocratie se caractérise d’abord par la séparation des pouvoirs, alors que l’UE est un régime de confusion des pouvoirs. En effet, le principal législateur dans l’UE est sa Cour de justice (CJUE) qui, parce qu’elle s’est arrogé un droit souverain d’interprétation des traités, crée en permanence, hors de tout contrôle et de toute sanction démocratiques, des normes par centaines, lesquelles s’imposent aux pouvoirs élus des États membres.
L’Assemblée, indûment dénommée Parlement, n’a aucun des pouvoirs d’un vrai Parlement. Elle émet des vœux que les autres institutions peuvent ignorer. Elle n’a qu’un pouvoir d’amendement et une capacité de modifier le budget restreints ou nuls suivant les domaines. Les conditions de censure de la Commission sont à ce point restrictives qu’elle est quasi impossible. La Commission et le Conseil ne sont ni de véritables organes législatifs ni de véritables exécutifs, mais ils tiennent des deux, sans avoir aucune des obligations de ces deux pouvoirs en démocratie.
En réalité, l’UE est un monstre institutionnel qui devrait scandaliser tout citoyen. Mais cette situation ne relève nullement du dysfonctionnement, le fameux « déficit démocratique », antienne des européistes destinée à faire croire que cette situation serait « la faute à pas de chance » et qu’on pourrait y remédier. Ce qui n’a jamais été le cas lors d’aucune des multiples révisions des traités.
Comprendre pourquoi implique d’en revenir à Jean Monnet. Car le courtier en cognac transformé en banquier américain avait deux convictions : les peuples ne peuvent faire que des bêtises qui aboutissent à la guerre ; il faut donc corseter le gouvernement du peuple par le peuple avec les règles du Marché et avec une gouvernance technocratique chargée de les faire respecter.
La Déclaration Schuman du 9 mai 1950, rédigée par Monnet, qui met en branle le processus dont résulte l’UE, est sous-tendue par l’idée que la paix en Europe ne peut être garantie que par l’unification des marchés – en commençant par le charbon et l’acier. La CECA, qui en est la conséquence, est régie par la gouvernance technocratique d’une Haute Autorité supranationale, présidée par Monnet, « libérée » du suffrage universel et soustraite à tout contrôle démocratique, dont les décisions s’imposent aux gouvernements élus. Placée en surplomb de la démocratie, la gouvernance de ceux qui savent mieux que les peuples ce qui est bon pour eux doit assurer leur bonheur et leur prospérité – fût-ce malgré eux.
La toute-puissance des lobbys économiques à Bruxelles qui travaillent en symbiose avec une technocratie apatride et irresponsable politiquement, jusqu’à lui fournir des textes clés en main que vote le faux parlement, la multiplication sans fin des normes produites par la CJUE hors de tout processus démocratique, comme les usurpations par Ursula Von der Leyen, notamment depuis la crise du Covid, de pouvoirs qu’aucun texte ne lui a attribués, ne résultent nullement du hasard ou de défauts corrigeables. Elles résultent de 75 ans d’application de cette « philosophie Monnet ». 60 ans, pour être exact, puisque durant une décennie, le général de Gaulle bloqua la gouvernance technocratique pour restituer le pouvoir de décision aux États démocratiques, et que, pour l’essentiel, Georges Pompidou maintint le cap jusqu’en 1974.
L’application de la « philosophie Monnet » suppose en outre que les peuples ne sachent pas où on veut les conduire – ce que les européistes appellent benoîtement la méthode des « petits pas ». Les « avancées européennes » qui dépouillent la démocratie doivent donc être présentées comme des décisions techniques, de bon sens, qu’il faudrait être fou pour contester. Mais chaque fait accompli fait gravir une marche qu’il est ensuite interdit de redescendre (contrairement à une démocratie, où chaque décision peut être remise en cause par une alternance politique), sans qu’on dise jamais où aboutit l’escalier.
C’est ainsi que la Commission négocie, dans le secret, les accords de libre-échange, qui entrent en vigueur avant même que les Parlements nationaux en délibèrent : ils peuvent toujours causer et voter, on ne reviendra pas en arrière. On a tiré, à Bruxelles, les leçons de l’échec (toujours provisoire) du TAFTA : tout a été ficelé avec le Canada ou le Mercosur afin que la démocratie ne puisse venir troubler le jeu de ceux qui savent.
Le 20 avril 2011, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, déclarait ainsi, avec une admirable clarté, qu’en matière de gouvernance dans l’eurozone, il en tenait « pour le secret, les débats sombres ». Même secret et mêmes débats sombres pour Ursula von der Leyen lors de sa négociation avec Pfizer, hors de sa compétence et pour laquelle elle estime scandaleux qu’on lui demande le moindre… éclaircissement. Ce qui n’a pas empêché la reconduction, nonobstant quelques autres casseroles, de celle que les Allemands considéraient comme la plus mauvaise ministre d’Angela Merkel, coresponsable comme ministre de la Défense durant six ans du piteux état de l’armée allemande, devenue soudain le chantre d’un réarmement massif qui, pas plus que la santé, ne figure parmi ses compétences.
Dans ces conditions, et pour que la « construction européenne » puisse continuer à avancer, ce qui est l’essentiel, il convient de ne pas consulter les peuples, et de les corriger s’ils répondent mal lorsqu’on les consulte. À cet égard, il est particulièrement instructif d’examiner l’évolution des réponses apportées par l’UE aux peuples qui, depuis 1992, n’ont pas voté comme on attendait qu’ils le fissent.
Le fâcheux précédent danois
Au premier temps de la valse, comme chantait Jacques Brel, 50,7 % des Danois (la participation s’élève à 83,1 %) disent « Non » au traité de Maastricht le 2 juin 1992. L’eurocratie est prise de cours : c’est la première fois qu’un peuple se cabre devant ses exigences. La solution trouvée est alors d’accorder au Danemark une dérogation : il pourra, s’il le souhaite, ne pas adopter l’euro – qui est pourtant au cœur du traité. Et l’on fait revoter les Danois ; le 18 mai 1993, ils répondent « Oui » (56,7 % avec 86,5 % de participation) à Maastricht sans l’euro. Pour permettre l’entrée en vigueur du traité, l’eurocratie a plié devant la démocratie.
Une seconde fois en 2000, elle tente d’obtenir des Danois qu’ils abandonnent leur monnaie nationale : les impudents répondent une seconde fois, le 28 septembre, à 53,2 % (87,6 % de participation) qu’ils ne veulent pas de l’euro. Et les Suédois les imitent le 14 septembre 2003, alors qu’ils n’ont pas, eux, obtenu de dispense lors de l’adoption du traité : à 55,9 % des votants (82,6 % de participation), ils refusent une entrée dans l’euro théoriquement obligatoire. Remarquons au passage que les performances économiques des pays de l’UE n’ayant pas l’euro comme monnaie sont durablement meilleures que celles des États de l’eurozone. Mais ceci est une autre histoire.
Les Irlandais devront se renier
Au deuxième temps de la valse, le 7 juin 2001, les Irlandais refusent de ratifier le traité de Nice (34,8 % de participation, 53,9 % de « Non »). Mais cette fois, bien qu’elle y mette encore les formes, l’eurocratie ne cédera pas devant la démocratie. Moyennant une déclaration lors d’un sommet des chefs d’État et de gouvernement sur le fait que le traité ne contraint pas l’Irlande à abandonner sa neutralité et grâce à un déferlement de propagande, les Irlandais, reconvoqués aux urnes, acceptent le traité de Nice le 19 octobre 2002 (49 % de participation, 62,9 % de « Oui »).
Patatras ! Le 12 juin 2008, ils ont l’audace de récidiver avec le traité de Lisbonne (53,1 % de participation et 53,2 % de « Non »). Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, déclare alors que « l’Europe trouvera un moyen de le faire entrer en vigueur ». L’homme est un démocrate irréprochable ! La preuve ? Après sa Bérézina électorale (2015), due aux exploits de son fils dans une société financière ayant ruiné des milliers de Polonais, doublés d’un énorme scandale d’écoutes téléphoniques illégales, ce qui le qualifie à l’évidence pour les plus hautes fonctions eurocratiques, il sera président du Conseil européen de 2014 à 2019, puis du Parti populaire européen de 2019 à 2022.
En attendant, comme le souhaite Tusk, l’eurocratie durcit le ton à l’égard des Irlandais. Elle feint de nouveau quelques concessions par des annexes au traité, qui répètent que l’Irlande pourra rester neutre, qu’elle ne sera pas obligée de légaliser l’avortement (encore interdit à l’époque), et puis surtout qu’elle pourra continuer à livrer une féroce concurrence fiscale aux autres États de l’Union.
Mais cette fois, en plus de la carotte, on sort le gros bâton : sept ans avant le chantage à la grecque, l’eurocratie fait dire et répéter par ses agents locaux et les médias de service que si l'on ose continuer à la braver, les subsides européens – dans une situation économique délicate, l’Irlande est alors bénéficiaire nette ; elle touche du budget de l’UE plus qu’elle n’y verse – pourraient bien se tarir. Le 2 octobre 2009, 59 % des électeurs irlandais se rendent aux urnes pour se dédire une seconde fois (67,1 % de « Oui »).
Les Français et Néerlandais bafoués par leur Nomenklatura
Entre les deux référendums irlandais, c’est au tour des Français et des Néerlandais de danser le troisième temps de la valse avec l’eurocratie. Au terme d’une mobilisation citoyenne exemplaire et contre des médias unanimes à promettre une pluie de criquets et une Seine rouge de sang en cas de défaite du « Oui », le « Non » l’emporte à 54,7 % des 69,4 % d’électeurs français qui se sont déplacés pour se prononcer sur l’adoption d’un traité faussement qualifié de constitutionnel. Victimes d’une incompréhensible aberration collective, les « Gaulois réfractaires » se croyaient encore en démocratie. Mais l’eurocratie et ses agents français avaient compris que tenter avec eux le coup irlandais risquerait d’aggraver ce résultat scandaleux. Mieux valait donc recourir au coup d’État.
Oh ! Pas un coup d’État ancienne manière avec chars, généraux à lunettes fumées, censure et arrestations. Non, ce coup d’État là serait parlementaire. Certes, durant sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait annoncé que s’il était élu le 6 mai, il ferait adopter, et pas par référendum, un « mini-traité », un « traité simplifié » ou « allégé ». Mais qui peut sérieusement soutenir que le traité qu’il accepta au sommet de Lisbonne le 19 octobre était « mini », « simplifié » ou « allégé », alors qu’il était le copier-coller, à quelques aménagements mineurs près, du traité rejeté par les Français, et alors qu’il prévoyait des pas déterminants vers la supranationalité ? Et qui peut sérieusement soutenir qu’en l’élisant pour nombre d’autres raisons, les Français auraient donné un blanc-seing à Sarkozy pour leur administrer par lavement parlementaire la mixture qu’ils avaient refusé d’avaler par voie référendaire ?
La forfaiture sarkozienne de 2007 fut complétée par celle de parlementaires qui, au Congrès, le 8 février 2008, usurpèrent la souveraineté populaire : ce que le peuple avait dénoué, seul le peuple aurait pu le renouer.
Ce jour de honte, les forces politiques qui ont prêté la main à cette forfaiture – UMP et centristes presque unanimes, 32 parlementaires du PS et les 145 lâches de ce parti (dont François Hollande) qui se sont abstenus, permettant ainsi d’abaisser la majorité qualifiée de 535 voix à 445 – se sont discréditées et ont creusé un fossé entre le peuple et ceux qui se prétendent ses représentants. Un fossé qui n’est pas près de se combler : aux élections législatives de juin 2007, le Front national recueillait 4,29 % des voix ; cinq ans plus tard, il en recueillera 13,60 %. Si la trahison du vote de 2005 par la Nomenklatura politique, toujours bruyamment soutenue par un monde médiatique quasi unanime, n’est bien sûr pas la seule raison du début de l’ascension de cette force politique, elle a, évidemment, joué un rôle déterminant dans la fracture entre les électeurs et les partis qui se disent « de gouvernement ».
Ce coup d’État eurocratique, maquillé en farce parlementaire, fut d’ailleurs exécuté presque simultanément aux Pays-Bas. Les Néerlandais ayant également dit « Non » au traité constitutionnel le 1er juin 2005 à 61,5 % des 63,3 % de votants, le Parlement ratifia celui de Lisbonne, en 2008, par 111 députés contre 39 et 60 sénateurs sur 75. Là encore, on s’étonnera en chœur, juste avant de se lamenter et de se scandaliser, de la montée du Parti de la Liberté de Geert Wilders qui recueillait 5,89 % des suffrages aux législatives de 2006 pour atteindre 15,45 % en 2010. Le parallélisme devrait pourtant faire réfléchir les bonnes âmes.
Il est vrai qu’aux Pays-Bas le référendum n’était que consultatif : s’asseoir sur ces résultats était donc encore plus aisé. L’eurocratie récidiva d’ailleurs en passant par pertes et profits le refus des Néerlandais (32,2 % de participation, 61 % de Non), le 6 avril 2016, lors d’un référendum d’initiative populaire (institué en 2015), de ratifier l’accord d’association de l’Ukraine à l’UE. Et pour plus de sécurité, en 2018, les parlementaires supprimèrent le référendum d’initiative populaire. Le Parti de la Liberté est arrivé en tête des législatives de 2023 avec 23,49 % des suffrages.
L’expérience de laboratoire grecque
Au quatrième temps, la valse se danse sur un air de bouzouki, le pistolet sur la tempe, et l’eurocratie se livre à une expérience de laboratoire : jusqu’où peut-on aller dans la négation de la volonté d’un peuple ? On ne reviendra pas ici sur les traitements appliqués en Grèce et en Europe du sud, l’eurocratie refusant de reconnaître que leurs économies ne pouvaient pas supporter le taux de change de l’euro.
Ces politiques absurdes et ravageuses ont créé de la destruction de richesse, de la désindustrialisation, du chômage, de la précarité, de la misère et des défauts de soins. Elles ont paupérisé massivement les classes moyennes – elles ont tué. Et elles ont échoué : en 2024, le PIB grec n’a toujours pas rattrapé le niveau de 2011 et reste de 30 % environ inférieur à celui de 2008 ; quant à la dette, elle est toujours supérieure à 150 % du PIB, après avoir dépassé les 200 %, alors qu’elle était de l’ordre de 110 % lorsque la Troïka (UE, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) a imposé sa thérapie de choc. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la manière dont cette Troïka, dominée par l’eurocratie, a bafoué les principes de la démocratie représentative dont l’UE prétend qu’elle figure parmi ses principes fondamentaux.
Tout commence lorsque le Premier ministre socialiste, Georgios Papandréou, venu demander l’aide de l’UE, annonce qu’il soumettra à référendum les conditions que l’UE pose à cette aide. Le 2 novembre 2011, il est convoqué à Cannes où l’eurocratie, représentée par la chancelière allemande Merkel et le président français Sarkozy, l’humilie en le cantonnant plus de deux heures dans une antichambre, avant de lui intimer l’ordre de renoncer à ce référendum. Demander son avis au peuple ? On n’a que trop vu ce que les peuples répondent quand on les consulte !
Las ! La capitulation du Premier ministre élu ne suffit pas à l’eurocratie. Neuf jours plus tard, elle exige sa démission et son remplacement par un banquier non élu, mais ancien vice-président de la BCE, Loukas Papadimos. Coup d’État, toujours sans chars et sans uniformes – mais avec l’extrême droite (1) dans le gouvernement dit d’union nationale. L’eurocratie ne fait-elle pas profession de la combattre ? Non, mais ne faites pas semblant de ne pas comprendre : là, c’était pour la bonne cause !
Notons que, quelques jours plus tard, le même scénario est appliqué en Italie avec le licenciement sous pression eurocratique du président du Conseil élu, Silvio Berlusconi, et son remplacement par Mario Monti, ancien commissaire européen non élu (étrillé aux élections suivantes).
Mais revenons à la Grèce : la feuille de route donnée par l’eurocratie au banquier Papadimos doit faire avaler au Parlement le premier des trois mémorandums imposés à la Grèce. Un mémorandum est un catalogue de centaines de mesures rédigé en anglais à Bruxelles et Berlin, incomplètement traduit en grec, touchant tous les domaines de la vie du pays, que le Parlement doit adopter en quelques jours selon la procédure d’urgence sous la menace d’un arrêt des crédits. Il est adopté en bloc, sans que les députés puissent l’amender, sous la forme d’un article unique autorisant le gouvernement à traduire en droit interne les mesures adoptées. On ne peut imaginer pire négation de ce que sont les droits du Parlement dans une démocratie.
Cette dictature de la Troïka provoqua des manifestations géantes qui furent noyées dans les gaz et réprimées avec une violence visant à dissuader les citoyens de faire usage de leur droit constitutionnel de manifester, bien davantage qu’à maintenir l’ordre – préfiguration de ce que subiront les Gilets jaunes en France six ans plus tard.
Puis, après deux élections législatives en 2012, un gouvernement dirigé par la droite et un deuxième mémorandum, le parti prétendument de gauche radicale, Syriza, arrive au pouvoir en alliance avec les Grecs indépendants, un petit parti de droite se disant souverainiste, à la suite des élections législatives du 25 janvier 2015. Et trois jours plus tard, le partisan des « débats sombres », Jean-Claude Juncker, déclare au Figaro que « il n’y a pas de choix démocratique contre les traités européens ». Après avoir ignoré les résultats de référendums, piétiné les prérogatives parlementaires, étouffé le droit constitutionnel de manifestation, l’eurocratie signifiait ainsi, non seulement aux Grecs, mais à tous les Européens, que les élections ne servent plus à choisir une politique, mais à désigner ceux qui appliqueront la politique unique décidée ailleurs et par d’autres que les élus du peuple.
Le bras de fer qui suivit fut-il réel ou simulé ? Le référendum de l’été 2015 fut-il décidé par Alexis Tsipras pour être perdu, parce qu’il avait déjà accepté de capituler, mais ne voulait pas porter la responsabilité politique de ce qui suivrait ? Peut-être un jour l’historien pourra-t-il répondre à ces questions. Les témoignages dont nous disposons aujourd’hui permettent au moins de douter que le groupe dirigeant de Syriza ait voulu gagner le référendum qu’il provoquait. Et l’on peut sans difficulté soutenir que, n’ayant jamais envisagé de rompre, le gouvernement Tsipras se condamnait par avance à tout accepter.
La surprise vint du peuple puisque, malgré une effarante propagande de peur des médias, 61,31 % des votants (c’est-à-dire largement plus que la base électorale des deux partis du gouvernement), avec une participation de 62,50 %, répondirent qu’ils refusaient les conditions d’un troisième mémorandum. Réponse qui laissa totalement indifférents une eurocratie qui réagit en durcissant aussitôt les exigences que les Grecs venaient de repousser massivement, ainsi que le gouvernement qui ne mit pas plus de quelques jours pour faire allégeance à l’eurocratie, trahir le mandat qu’il venait de recevoir du peuple et faire voter par sa majorité parlementaire un troisième mémorandum pire que les deux premiers réunis.
Au final, cette succession de coups de force entérinés par une caste politique qui n’ambitionne plus que d’aménager à la marge les décisions prises par l’eurocratie hors de tout mandat donné par le peuple, hors de tout contrôle et de toute sanction démocratiques, provoqua un effondrement de la participation électorale. Quand le suffrage est à ce point nié, ignoré, bafoué, à quoi sert-il encore de voter ?
Ajoutons qu’à Chypre, en se donnant le droit de ponctionner les comptes bancaires, l’eurocratie ajouta au viol de la démocratie le viol du droit de propriété qu’elle prétend également garantir.
Évidemment, la décision des responsables politiques britanniques de tenir compte du résultat de quatre scrutins – celui des élections législatives de 2015 imposant dans l’agenda politique le référendum sur le Brexit, celui du référendum de 2016, ceux des élections législatives de 2017 et de 2019, confirmant la volonté des Britanniques de sortir du piège européen et de restaurer leur démocratie –, ne pouvait que provoquer la colère de l’eurocratie.
Celle-ci tenta tout pour obtenir que le Brexit n’en soit pas un, puis, comme l’aurait dit le président Macron, qu’il se passe mal parce que les Britanniques devaient être punis, et parce qu’il fallait éviter de donner des idées de libération à d’autres peuples. En vain. Mais les médias de service ne mirent pas longtemps à chanter sur tous les tons que les Britanniques regrettaient le Brexit… jusqu’au triomphe, lors des élections locales partielles du 2 mai 2025, du Reform UK de Nigel Farage, celui qui avait imposé le débat sur le Brexit, le référendum et le respect de son résultat à la Nomenklatura eurocratique britannique.
Orwell en Roumanie
Quant au cinquième temps de la valse, nous le vivons aujourd’hui et il est résolument orwellien. En inventant le « bouclier démocratique », Ursula Van der Leyen réalise en effet le projet de la novlangue : tailler le langage « jusqu’à l’os » en inversant le sens des mots, censurer au nom de la liberté d’expression, nommer « démocratie » le règne d’une technocratie hors sol et hors contrôle, ou « bouclier » le glaive qui coupera les langues de ceux qui pensent mal. On attend avec impatience la nomination d’un commissaire européen à la Vérité – pourquoi pas la burlesque Nathalie Loiseau, déjà présidente de la commission spéciale chargée de forger ledit bouclier ?
Ce commissaire à la Vérité dirait qui aurait à l’avenir le droit de parler, qui en serait privé parce qu’il est manipulé, parce que, consciemment ou non, il véhicule des fake news qui couvrent, en plus des véritables fausses informations, tous les faits en discordance avec le discours de l’eurocratie, mais qui ne couvrent pas les mensonges, oublis et falsifications qui la servent – pensons, par exemple, au faux massacre de civils kosovars à Raçak justifiant le bombardement de la Serbie, aux djihadistes syriens qui « font du bon boulot », à l'affaire du sabotage de Nord Stream ou à ces experts de plateau qui nous décrivent des soldats russes montant à l’assaut avec des pelles pour seules armes, juste avant de nous alerter sur le danger d’une invasion russe de l'Europe occidentale...
Ce commissaire à la Vérité traquerait aussi sans faiblesse les ingérences étrangères – enfin pas toutes, car certaines ingérences, malgré les apparences, n’en sont pas : les écoutes américaines de responsables politiques « alliés », ou les milliards de subsides de l’USAID arrosant nombre de médias européens qui, tout en se prétendant indépendants, se contentent de répercuter la parole officielle.
Ce commissaire à la Vérité déterminerait aussi, bien entendu, qui est démocrate et qui ne l’est pas, qui a le droit de se présenter au suffrage populaire et qui ne l’a pas. Car si l’on est aujourd’hui opposé à l’eurocratie, on ne peut être que complotiste, extrémiste, ou manipulé par la Russie – voire les trois à la fois. En eurocratie, on ne discute plus les arguments de l’adversaire. On le discrédite. Et maintenant on le disqualifie.
Ce que l’eurocratie vient de tenter en Roumanie. Le 24 novembre 2024, contre toute attente, Călin Georgescu est en effet arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle avec 22,94 % des votants (52,56 % de participation). Ce candidat était à la fois eurocritique et hostile à ce que son pays, en passe d’être transformé en vaste camp militaire otanien, dépense ses faibles ressources en aides, largement détournées, à l’Ukraine, plutôt que de les utiliser au profit de sa population dont près d’un quart vit en dessous du seuil de pauvreté, et dont cinq millions de citoyens, sur dix-neuf, ont dû choisir l’exil pour fuir cette pauvreté. Mais pour l’eurocratie, ce résultat est inacceptable ; l’État profond roumain, pro-UE, pro-OTAN, pro-guerre en Ukraine, appuyé par le président sortant Klaus Iohannis, obtient alors l’annulation du scrutin par la justice, sous prétexte de fantomatiques ingérences russes.
Que s’est-il passé en réalité ? Dans la concurrence féroce entre les trois candidats du « Bloc central » au pouvoir en coalition – le Parti social démocrate (PSD) de centre gauche, le Parti national libéral (PNL) et Union sauvez la Roumanie (USR) tous deux de centre droit –, celui du PNL aurait joué la montée de Georgescu (à la manière d’un Mitterrand favorisant le Front national pour affaiblir la droite) en espérant qu’il prenne assez de voix à ses deux alliés-rivaux pour assurer sa propre qualification pour le second tour.
Las ! Au bout du compte, les deux candidats du PSD et du PNL qui se succèdent au pouvoir, ou gouvernent ensemble, depuis la chute du régime communiste, se retrouvent au soir du premier tour éliminés par Georgescu et la candidate de l’USR : situation inacceptable pour les deux partis qui contrôlent aussi bien les services de police que les rouages de la justice et les nominations à la Cour constitutionnelle, comme ils gèrent la répartition des fonds européens, puissant instrument clientéliste et moteur essentiel de la corruption endémique du personnel de ces deux partis – également dénoncée par Georgescu.
Sans preuve sérieuse, le scrutin est alors annulé, puis Georgescu est arrêté, inculpé et, malgré de gigantesques protestations populaires, interdit de se présenter au nouveau scrutin. Mais le 1er décembre, les élections législatives sanctionnent durement le Bloc central. Alors que la participation bondit de 32 % en 2020 à 52,50 %, le PNL perd 12 %, le PSD 11,5 % et l’USR (sa candidate avait condamné l’annulation de la présidentielle) 3 % – recueillant seulement 47,56 % des voix à eux trois –, tandis que les trois partis nationalistes partageant en tout ou partie les positions de Georgescu obtiennent ensemble près de 38 % des suffrages – dont 18 % pour l’AUR (Alliance pour l’Union des Roumains) de George Simion, qui en avait rassemblé près de 14 % à la présidentielle annulée.
Le Premier ministre PSD sortant, Marcel Ciolacu, arrivé troisième à la présidentielle, compose alors un gouvernement des perdants, avec le PNL et le parti ethnique des Magyars de Roumanie. Disposant de 136 sièges au Sénat, soit exactement la majorité absolue, ce cabinet est cependant minoritaire à la chambre des députés avec 157 sièges, alors que la majorité absolue en requiert 166. Et cette coalition eurocratique s’entend pour présenter un candidat unique à la nouvelle présidentielle : Crin Antonescu, ancien président du Sénat et du PNL. Puis, le président Iohannis, menacé d’un vote de destitution par le nouveau parlement, démissionne le 12 février 2025.
Mais rien n’y fait et les Roumains s’entêtent ! Le 5 mai, avec une participation de 53,19 %, Antonescu ne recueille que 20,07 % des suffrages et est éliminé, tandis que Simion, appuyé par Georgescu, écrase le scrutin avec 40,96 % des voix, soit près du double du deuxième, Nicuşor Dan (20,99 %), le maire de Bucarest, indépendant soutenu par une dizaine de petites formations. Et le gouvernement démissionne le lendemain.
L’enjeu de cette élection est en partie symbolique, car le président roumain, bien qu’élu au suffrage universel direct, comme ses homologues portugais et polonais, n’est pas plus qu’eux le chef de l’Exécutif. Il peut parler, il peut gêner le gouvernement, son droit de dissolution est strictement encadré (2), et s’il peut provoquer un référendum, il peut aussi être démis par un référendum décidé à la majorité des députés et sénateurs. C’est donc bien le Premier ministre qui gouverne et un changement de politique en Roumanie supposerait, outre la victoire de Simion le 18 mai, six mois de crise et de nouvelles élections législatives donnant une majorité cohérente en accord avec les orientations du président. Tout cela est évidemment très hypothétique.
Toute limitée que soit la portée politique de cette élection présidentielle, il était cependant inacceptable pour l’eurocratie que son résultat ne correspondît pas à ses attentes. Car l’initiative des manipulations de basse police et de la décision, en opportunité et non en droit, de la Cour constitutionnelle qui ont abouti à l’élimination de Georgescu, n’est à l’évidence pas seulement roumaine.
De même que le partisan des débats sombres avait révélé que les électeurs n’ont plus le droit de choisir une politique, mais seulement de désigner ceux qui conduiront la politique unique autorisée par l’eurocratie,Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur jusqu’au 16 septembre 2024, révélait le pot aux roses le 9 janvier 2025, peu avant d’intégrer la Bank of America comme membre rémunéré du Conseil consultatif international – évidemment sans le moindre risque de conflit d’intérêts ! « On l’a fait pour la Roumanie, déclara-t-il sur les ondes de RMC, et il faudra, évidemment, le faire, si c’est nécessaire, en Allemagne ».
Qui donc pourrait douter de qui est ce « on » ? Et qui peut douter que ce « on l’a fait » signifie l’annulation d’une élection ?En Allemagne, ce ne fut finalement pas nécessaire, cette fois, mais qui pourrait douter qu’il faille le faire ailleurs : en Pologne demain, ou après-demain en France ?
Breton eut beau tenter d’expliquer, sans doute après s’être fait taper sur les doigts pour avoir été trop clair (c’est la base de la « méthode Monnet » : il ne faut jamais dire où l’on veut mener les peuples), qu’il n’avait pas dit ce qu’il avait dit : il a bien dit ce qu’il a dit.
Quant aux ingérences étrangères dans la campagne de deuxième tour de la présidentielle roumaine, elles semblent nettement plus substantielles que celles qui ont justifié l’annulation du scrutin en tête duquel était arrivé Georgescu. Qu’elles aient été publiquement revendiquées comme l’a fait l’eurodéputée macroniste Valérie Hayer, présidente du groupe Renew Europe au faux parlement européen, le 10 mai sur France Info. Qu’il s’agisse des accusations de Pavel Durov, patron du réseau social Telegram, arrêté puis retenu en France de décembre 2024 à mars 2025, et qui prétend que la DGSE a fait pression directement sur lui pour qu’il censure le candidat à éliminer et ses soutiens. Ou qu’il s’agisse des allégations de Simion quant aux interventions fébriles, à travers toute la Roumanie, de l’ambassade de France en faveur de son adversaire.
Mais gageons que, cette fois, aucune autorité eurocratique, aucun service policier de l’État profond roumain ni aucun tribunal pénal ou constitutionnel, aucun média de service n’iront chercher des poux dans la tête du candidat du camp du Bien, rallié par tous les partis de l’eurocratie battus à trois reprises depuis novembre 2024, aux scrutins présidentiels et législatif, justement parce que c’est le camp du Bien, vainqueur avec 53,60 % le 18 mai. Pas plus qu’ils ne chercheront à savoir ce que la participation record (depuis 2000) de 64,72 % doit, selon les opposants à l’eurocratie, à l’élan civique et salvateur de morts soudain ressuscités pour venir au secours de la victoire de ce camp du Bien.
La disqualification ou l’interdiction – au nom de la démocratie et de la liberté d’expression – de toute parole ou force politiques se situant hors de « l’arc eurocratique », converti par la novlangue en « arc démocratique », parce que ces forces seraient extrémistes et/ou le produit d’ingérences, légitime un projet qui, au stade où nous sommes parvenus, nous laisse entrevoir un avenir qu’il faut bien qualifier de totalitaire. Le stade suivant, comme dans l’URSS finissante, sera-t-il d’envoyer les dissidents en hôpital psychiatrique ?
*
Olivier Delorme est historien et romancier, auteur notamment des trois tomes de « La Grèce et les Balkans du Ve siècle à nos jours » et de « 30 bonnes raisons pour sortir de l'Europe » (H&O, 2016).
Notes
(1) LAOS, acronyme de « Alerte populaire orthodoxe », mais Laos, en grec, signifie « peuple ».
(2) Selon l’article 89 de la Constitution, le Président de la Roumanie peut dissoudre le Parlement, si celui-ci n'a pas accordé le vote de confiance pour la formation du Gouvernement dans un délai de 60 jours à compter du premier vote et uniquement s'il y a eu deux votes au moins de refus d'investiture. Il ne peut dissoudre deux fois dans la même année, ni durant les six derniers mois de son mandat, ni pendant l'état de mobilisation, de guerre, de siège ou d'urgence.
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