Dans cet entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2013, Roland Dumas revient sur les épisodes marquants de sa carrière diplomatique. Il raconte ses liens avec la résistance algérienne pendant la guerre d'indépendance, ses altercations virulentes avec Tel Aviv, ainsi que les négociations qui ont conduit à la signature du Traité de Maastricht.

publié le 27/11/2022 Par Olivier Berruyer
« J'ai toujours été mal vu pour mes choix politiques » - Roland Dumas

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Diplômé en droit et de l’École libre des sciences politiques, Roland Dumas (1922-) devient avocat à la Cour d’appel de Paris et, parallèlement, travaille en tant que journaliste pour les rédactions de L’Information et du Nouveau Journal. Il commence sa carrière politique en 1956 lorsqu’il est élu député socialiste de la Haute-Vienne. Au cours des deux mandats de François Mitterrand, il sera nommé ministre délégué aux Affaires européennes (1983–1984), ministre des Relations extérieures (1984–1986), puis ministre des Affaires étrangères (1988–1993).

Olivier Berruyer : Vous avez eu des liens avec la résistance algérienne, au moment où la guerre d'Algérie commençait. Pouvez-vous nous raconter cet épisode ?

Roland Dumas : J’étais à l’époque parlementaire et j’avais fait un article sur la question. Je ne comprenais pas pourquoi ce peuple, qui demandait son indépendance, n’était pas écouté. À cette occasion, j'avais reçu une jeune fille qui venait me parler de la part de Francis Jeanson, un philosophe français qui s'était investi en faveur des Algériens. Elle me demandait, de sa part, si j’acceptais de défendre un réseau d'une cinquantaine d’artistes, d’écrivains et de journalistes français qui aidaient les Algériens dans leur résistance.

Un jour, après une rafle de la DST, tous ou presque furent arrêtés. Il y avait, parmi ces gens, des personnalités comme Lacan, Sartre ou Simone de Beauvoir. Le juge d’instruction qui avait le dossier m’avait appelé en me disant : « mon cher maître, vous êtes désigné ». Sartre était, à ce moment, parti en voyage en Amérique latine et m’avait prévenu qu’il rentrerait pour le procès.

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