Il est temps de trancher une bonne fois pour toutes ce débat qui oppose des camps a priori irréconciliables. D’un côté, les libéraux (au sens économique) avancent que la France serait « l’un des pays des plus taxés au monde ». C’est vrai. De l’autre, les socialistes (au sens historique) dénoncent les immenses cadeaux fiscaux au profit des plus riches qui vident les caisses de l’État. Et c’est vrai aussi. Ces deux positionnements partent chacun d’une affirmation fondée tout en en tirant des conclusions radicalement opposées. Alors, qui a raison ?
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Sous l’effet de la propagande néolibérale des quarante dernières années, les idées reçues en matière économique ont largement infusé dans la société. Et c’est ainsi que sont répétés ad nauseam, et dans une sorte de réflexe pavlovien, les poncifs bien connus de l’idéologie dominante : « trop d’impôts », « trop de charges », « trop de règlementations ». Le « public » – comprendre le méchant et vil « État » – serait la cause de tous nos maux, alors que le « privé » – comprendre les sacrosaintes « entreprises » – serait notre planche de salut. Vive le marché ! À bas l’État ! Louée soit la concurrence libre et non faussée ! Amen.
« Prends pas ton cas pour une généralité ! »
Tous ces dogmes sont assénés aussi bien par les journalistes et autres « experts » des plateaux de télévision que par nombre de gens du quotidien. Cette pensée s’est largement enracinée, car elle est simple à comprendre et semble relever du bon sens. Et soyons honnêtes. Il est assez compréhensible que le citoyen se plaigne de payer beaucoup d’impôts alors qu’en contrepartie, les services publics essentiels tels que la santé, l’éducation ou encore la justice sont de plus en plus délabrés.
Constater que 60 à 70 % de ses gains partent en cotisations sociales et autres taxes pour être de moins en moins bien soigné, éduqué ou jugé, il y a de quoi être en colère ! Mais bon sang, où va l’argent ? La question est légitime et pour le moins pertinente, surtout au vu des exemples innombrables de gaspillage d’argent public. On pense à ces chantiers ruineux où les dépassements de budget ont explosé, à la construction de ce rond-point inutile à la sortie d’un village de campagne ou à ces dîners mondains organisés par tel ou tel élu aux frais du contribuable (toute ressemblance avec le scandale retentissant des réceptions fastueuses organisées par François de Rugy alors Président de l’Assemblée nationale ou avec les repas de luxe du Président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez serait purement fortuite).
Seulement, et c’est souvent là que le bât blesse, beaucoup sont tentés de prendre un raccourci : si l’État gère mal l’argent, alors la solution est de réduire l’État ! Le raisonnement est empreint d’un apparent pragmatisme, mais aussi d’un certain opportunisme : « Si l’État gère mal l’argent, autant que je le garde pour moi tout seul ! ». Et par le raisonnement inductif douteux qui veut que « Ce qui est bon pour moi est bon pour les autres », on en arrive vite à la conclusion fallacieuse que ce qui est bon pour moi doit certainement être bon pour la France. La solution est donc simple : il faudrait supprimer les impôts et réduire les dépenses publiques. Emballez, c’est pesé !
Or, et cela vaut particulièrement en économie, ce qui vaut à l’échelle individuelle (micro) ne vaut pas forcément à l’échelle collective (macro). Imaginons qu’un manifestant un peu énervé brise la vitrine d’une banque (encore un exemple purement fictif). Le réparateur va être rémunéré pour sa prestation de remplacement de la vitrine cassée et c’est l’assureur de la banque qui va prendre en charge ces frais. Chaque intervenant à l’opération est affecté très différemment par l’évènement.
Pour le réparateur, la vitrine cassée est une source de gain. Pour l’assureur, c’est un coût. Pour la banque, c’est relativement neutre. Et à l’échelle du pays, c’est plutôt une perte, car le travail réalisé n’a pas contribué à un enrichissement, mais simplement à une remise en état du patrimoine existant. Par conséquent, il faut retenir deux leçons de prudence : 1. Ce qui est bon pour moi n’est pas forcément bon pour les autres. 2. Ce qui est bon pour moi n’est pas forcément bon pour l’économie française. Autrement dit, et de manière plus synthétique, il ne faut pas prendre son cas pour une généralité.
L’État ne brûle pas l’argent !
L’une des grandes fausses représentations que véhicule l’idéologie dominante est que le gaspillage public constituerait une perte nette pour l’économie, comme si une fois collecté par l’impôt, l’argent disparaissait mystérieusement dans les méandres d’une bureaucratie labyrinthique, obèse et vorace.
Cette idée est fausse. L’État ne brûle pas l'argent. Tout ce qu’il collecte, il le redistribue. Il le fait plus ou moins bien, mais chaque euro collecté est réinjecté dans l’économie. Ce sont les salaires des fonctionnaires, les indemnités des élus, les commandes publiques pour construire ou rénover des infrastructures (routes, hôpitaux, écoles…), les pensions de retraite, les indemnités pour arrêt maladie, etc. S’il est bien employé, l’argent sert à construire une centrale nucléaire, une nouvelle ligne de train ou une école. Autant d’investissements dans l’énergie, le transport ou l’éducation qui sont essentiels au bon fonctionnement de l’économie.
Mais même s’il est mal employé, ces dépenses rémunèrent soit des particuliers (par exemple des représentants politiques inutiles comme un ministre macroniste) qui dépensent cet argent dans la consommation, soit des entreprises privées qui paient leurs fournisseurs, versent des salaires à leurs employés, et contribuent à l’impôt. Même mal dépensé, cet argent n’est pas « perdu », car il continue de circuler dans l’économie. Il ne crée certes pas beaucoup de valeur ajoutée. En cela, son coefficient multiplicateur (1) est relativement faible, mais cette dépense n’appauvrit pas le pays. Elle ne l’enrichit pas, c’est différent.
On peut ajouter à cela que des mesures d’économie qui consisteraient à réduire la voilure des administrations publiques représenteraient seulement quelques centaines de millions d’euros, voir quelques milliards. Aussi salutaires et bienvenues soient-elles, il faut bien comprendre que cela est dérisoire comparé au déficit public qui a atteint près de 180 milliards d’euros en 2024. La vraie solution n'est pas là.
L’État gère mal l’argent ? Faisons en sorte qu’il le gère bien !
Alors, pourquoi la France décline ? Si l’on part de l’analyse du circuit de l’argent dans l’économie, il y a principalement deux raisons en cause : l’épargne et l’achat de produits étrangers. Dans les deux cas, l’argent ne circule plus dans l’économie réelle, soit parce qu’il s’envole pour une large partie dans la sphère spéculative (épargne), soit parce qu’il part vers des économies étrangères (importations). Autrement dit, ce qui appauvrit la France, c’est que les riches épargnent trop (peut-être certains sont-ils trop riches ?), et qu’elle importe trop de produits étrangers, car elle n’a plus d’industrie digne de ce nom. Le pays compte ainsi plus de 1 900 milliards d’euros d’encours dans les assurances vie – soit 10 fois le montant du déficit public ! – mais son appareil productif est réduit à peau de chagrin puisque la part de l’industrie manufacturière dans le PIB n’est plus que de 11 % contre 22,3 % en 1970.
Or, plutôt que de taxer les stocks d’argent dormant pour forcer les épargnants à consommer ou à investir dans l’économie réelle, la classe dirigeante française s’applique depuis des années, et spécialement depuis 2017, à leur accorder des exonérations fiscales en tous genres. On pense en particulier à la transformation de l’ISF en IFI aboutissant à ce que l’imposition sur le patrimoine ne concerne plus que les biens immobiliers à l’exclusion de toutes les valeurs mobilières dont l’épargne, mais également à la flat tax qui consiste en une baisse de la fiscalité sur les dividendes des actionnaires ce qui leur permet de mieux se rémunérer et donc d’épargner plus !
D’une manière générale, il faut dénoncer la politique d’aides publiques massives aux entreprises – environ 200 milliards d’euros par an ! – dont une large partie profite aux entreprises du CAC 40 qui augmentent ainsi leurs bénéfices (148 milliards d’euros en 2023 !), et donc la distribution de dividendes (98 milliards d’euros en 2024, dont 25,5 milliards en rachat d’actions)… Si nos « élites » avaient un minimum de bon sens et de patriotisme, il faudrait au moins conditionner les aides publiques allouées aux entreprises à une obligation d’investissement, pour éviter l’épargne, et à l’interdiction de délocaliser, pour encourager notre industrie et réduire nos importations.
Il faudrait aussi mener une véritable politique protectionniste – c’est-à-dire fixer des droits de douane – afin de permettre aux entreprises françaises d’échapper à la concurrence déloyale des pays à faibles coûts salariaux comme ceux de l’Europe de l’Est. L’une des grandes conditions pour réindustrialiser le pays, c’est qu’il faut un État fort en capacité de protéger son marché intérieur, mais cela impliquerait une rupture radicale avec les règles de l’Union européenne.
Il est évident que face à une oligarchie devenue apatride et qui n’a pour seule ambition que de maximiser ses profits quitte à faire plonger l’économie française, seule une politique publique interventionniste serait en mesure de redresser l’activité et donc les comptes publics. Il faudrait taxer l’épargne, diriger l’argent vers l’investissement et l’augmentation des salaires pour stimuler la consommation, et mener une politique protectionniste. Mais depuis 40 ans, nos dirigeants politiques font évidemment tout l’inverse, et rejettent ensuite la faute sur… la mauvaise utilisation de l’argent public… dont ils sont les seuls responsables ! On croit rêver !
En somme, nous avons plus que jamais besoin de l’État. Le juste raisonnement est donc le suivant : puisque l’État gère mal l’argent, il faut faire en sorte que l’État gère BIEN l’argent ! Il ne faut pas « moins d’État », mais « mieux d’État » ! Ça commence par éloigner du pouvoir tous ceux qui prônent le contraire.
« Un égoïste, c’est quelqu’un qui pense pas à moi ! »
Poussons la logique libérale contemporaine (comprendre « inégalitaire ») jusqu’à sa forme ultime incarnée exemplairement par les libertariens pour bien comprendre l’absurdité de cette idéologie. Dans le monde idéal de ces prétendus défenseurs de la « liberté individuelle », l’État est réduit à sa portion congrue, c’est-à-dire à ses fonctions régaliennes (sécurité extérieure, sécurité intérieure et maintien de l’ordre public, définition du droit et de la justice, et souveraineté économique et financière essentiellement par l’émission de la monnaie).
L’impôt est donc ramené à son strict minimum puisque nombre de dépenses publiques ne sont plus assurées par l’État : l’école, l’hôpital, l’énergie, le transport… tout est privatisé. L’État n’a plus à intervenir dans l’économie pour réduire les inégalités ni assurer une solidarité entre les citoyens puisque chacun d’entre eux est considéré comme intégralement responsable de ses choix, de ses actes, et donc de son destin.
Concrètement, cela signifie qu’il n’y a plus de sécurité sociale : plus de retraite collective (tant pis pour le retraité exploité toute sa vie, trop pauvre pour épargner et qui devra travailler jusqu’à la fin de ses jours), plus d’assurance maladie (tant pis pour le malade atteint d’un cancer qui mourra, car il n’a pas les moyens de payer son traitement), plus d’assurance chômage (tant pis pour l’employé qui a perdu son travail dans une région déjà sinistrée parce que son entreprise a préféré délocaliser l’usine en Roumanie pour maximiser les dividendes des actionnaires), plus de minimum ressources tels que le RSA (tant pis pour les pauvres si le chômage de masse empêche structurellement la grande majorité d’entre eux de trouver un emploi).
Dans ce système, il y a ceux qui ont les moyens de s’offrir des polices d’assurance privées pour couvrir les risques de la vie, et les autres qui sont abandonnés à leur sort. D’un point de vue strictement pragmatique, on observera que les assurances privées ont un fonctionnement généralement plus coûteux qu’un système d’assurance publique où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins, et ce pour au moins deux raisons. La première tient aux dépenses de publicité que les mutuelles privées font pour assurer leur promotion et se démarquer de leurs concurrents, la seconde tient au profit que l’actionnaire entend tirer de l’activité de sa compagnie d’assurance. Ces contraintes ne s’appliquent pas au système d’assurance collectif qui n’est ni soumis à la concurrence ni guidé par un but lucratif. Mais passons.
Le point fondamental est que la pensée économique libérale est aussi injuste qu’erronée. « Il y a les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien », comme disait Emmanuel Macron en juin 2017. Et on comprend fort bien que dans cette logique, les gens de la seconde catégorie ne méritent pas de bénéficier de la solidarité nationale ni de quelque considération que ce soit. Or, tout cela fait fi des déterminismes qui s’imposent à tout être humain, qu’ils soient innés (inégalités physiques, psychologiques, cognitives…) ou environnementaux (famille, milieu social et culturel, hasard des rencontres…).
Il est faux d’affirmer qu’un être humain est responsable de sa situation. Sans même rentrer dans une discussion philosophique sur l’existence ou non du libre arbitre, il est indiscutable que nous sommes tous très largement le fruit de nos déterminismes, c’est-à-dire de conditions qui s’imposent à nous indépendamment de notre volonté. Par exemple, il est évident qu’un enfant issu d’une banlieue pauvre et d’une famille peu éduquée n’a quasiment aucune chance (sauf qualités innées exceptionnelles) d’accomplir le même parcours scolaire d’excellence qu’un enfant à l’intelligence moyenne, mais issu d’un quartier chic et d’une famille disposant d’un haut niveau culturel.
Il est donc du devoir de toute société humaine civilisée, d’autant plus lorsqu’elle s’est donné pour devise « Liberté, Égalité, Fraternité », de corriger autant que possible les inégalités pour permettre à chaque citoyen d’avoir accès au bonheur que peut offrir la vie. Cela consiste à assurer à tout un chacun les moyens de subvenir à ses besoins et d’échapper autant que possible aux rapports de domination.
Domination, le gros mot est lâché. Là où il y aurait prétendument « liberté individuelle », il y a en réalité rapport de force. En l’absence d’institution, c’est-à-dire de règles et d’une entité collective veillant à leur bonne application, l’état de nature reprend ses droits. Seuls s’expriment alors les rapports de force physiques, psychologiques ou économiques conduisant inévitablement des dominants à soumettre des dominés à leur volonté. Comme le disait Henri Lacordaire, moine dominicain et député de la Constituante de 1848 : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».
Ceux qui fondent toute leur idéologie politique sur la liberté individuelle ne sont que des dominants qui souhaitent maintenir leur position privilégiée ou des dominés qui rêvent (naïvement) de devenir des dominants. Ils ne sont finalement que des enfants rois incapables de penser le monde en dehors de leur petite personne. Quand ils convoquent pompeusement la « liberté », ils ne parlent en réalité que de leur égoïsme.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres…
Il est temps désormais de répondre à la question, et il faut pour cela distinguer le film – c’est-à-dire l’analyse historique – de la photographie – c’est-à-dire l’image à un instant donné.
Le monde tel que nous le connaissons est né de la Seconde Guerre mondiale. À l’issue de cette catastrophe qui a fait des dizaines de millions de morts, les leçons ont été tirées. Le capitalisme débridé avait produit la Grande Crise de 1929 et accouché d’un conflit mondial mortel. Dans le sillon de la politique du New deal de Roosevelt aux États-Unis, les pays occidentaux ont institué l’État Providence. En France, cette période a été marquée par la création de la Sécurité sociale, la nationalisation des grandes entreprises et de certaines grandes banques et, in fine, un partage relativement équitable de la richesse entre le capital et le travail.
Cette période de prospérité – favorisée par un accès facile et peu coûteux à l’énergie – a produit les Trente Glorieuses. On peut dire que l’État français était alors assez proche du socialisme dans un monde occidental capitaliste. Mais à la suite des chocs pétroliers de 1973 et 1979, puis de l’effondrement du bloc soviétique en 1991, un renversement des rapports de force s’est opéré en faveur du capital. C’est la vague néolibérale qui a débuté sous l’impulsion de Ronald Reagan aux États-Unis et de Margaret Tchatcher au Royaume-Uni au début des années 1980, et qui s’est étendue en Europe sous l’égide de la construction européenne à laquelle toute l’élite française s’est convertie durant cette décennie.
Dès lors, les classes dominantes, en France comme ailleurs en Occident, se sont appliquées à détruire méticuleusement les protections accordées aux peuples en appliquant une dérégulation massive du commerce mondial, et en s’arrogeant un contrôle de plus en plus puissant sur les médias et, incidemment, l’appareil d’État. Il s’en est suivi des vagues de privatisations ainsi qu’une baisse de la fiscalité sur les grandes entreprises et les grandes fortunes.
Ce mouvement s’est intensifié sous les quinquennats Sarkozy et Hollande – qui a trahi toutes les promesses socialistes – jusqu’à son apogée avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Si nous venons d’une ère post Seconde Guerre mondiale où le pays était plutôt socialiste, il est rigoureusement incontestable que la dynamique enclenchée au cours des années 1980 est bien libérale, au sens inégalitaire du terme.
C’est pourquoi nous en arrivons aujourd’hui à cette situation aberrante où la France est l’un des pays les plus collecteurs d’impôts (héritage historique) alors que ses services publics essentiels s’effondrent sous l’effet des politiques d’austérité néolibérales et que les comptes publics sont exsangues. En réalité, la bourgeoisie a organisé un détournement massif des politiques publiques en sa faveur et au détriment des intérêts du peuple français.
Et c’est ainsi que la France est devenue un enfer socialiste pour 99 % des gens qui paient beaucoup d’impôt sans contrepartie à la hauteur de leur contribution, mais qu’elle est un véritable paradis (néo)libéral pour les ultra-riches qui échappent très largement à l’impôt et sont protégés par l’État qu’ils contrôlent. En son temps, Victor Hugo avait eu cette belle formule : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches ». Hélas, rien n’a vraiment changé…
Notes
(1) Le multiplicateur keynésien désigne en économie l'effet par lequel une dépense publique provoque une augmentation de la dépense privée plus importante encore au sein du système économique.
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